Le ministre des Transports, Marc Garneau, n'a eu qu'à enfoncer un bouton pour une promenade en voiture sous le soleil de la Californie, dans le cadre d'un voyage qui s'est avéré plus d'affaires que d'agrément.

Alors que les regards étaient tournés cette semaine vers le passage du premier ministre Justin Trudeau à Washington et à Mexico pour sauver la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain, le ministre Garneau et deux sénateurs canadiens sont partis en douce vers Silicon Valley pour rencontrer les représentants d'un des géants mondiaux des technologies.

La course pour mettre des véhicules autonomes sur les routes nord-américaines pousse le ministre Garneau à rapidement élaborer une réglementation afin que son gouvernement ne se laisse pas distancer par cette technologie, qui pourrait toutefois prendre encore 10, 20 ou même 30 ans de peaufinage.

Le ministre s'est déjà rendu à Waterloo, en Ontario, à cet effet, mais son équipe et lui ont tranché qu'ils devraient aussi se rendre dans l'épicentre même de cette avancée: les installations de Tesla, à proximité de San Francisco.

Dans quelques semaines, M. Garneau se rendra aussi à Détroit, au coeur même de l'industrie automobile américaine, pour observer ce que trois importants constructeurs font de leur côté dans le cadre de la course au développement de systèmes aptes à rouler sans l'intervention d'un conducteur.

Le jour même où le ministre a rencontré des chercheurs de l'université Standford et des dirigeants de Tesla et de Proterra, une entreprise d'autobus électriques, le gouvernement californien a dévoilé une nouvelle réglementation qui pourrait paver la voie à la mise en circulation de véhicules autonomes dès l'an prochain.

La Floride a légalisé l'utilisation de ces véhicules l'an dernier. Le Nevada a fait de même et souhaite mettre ses chercheurs locaux en contact avec des entreprises dans une perspective de développement économique. D'autres juridictions envisagent de leur emboîter le pas pour attirer les entreprises hors de Silicon Valley - ce qui a fait du voyage de M. Garneau en partie une mission commerciale.

«Ce dont j'ai parlé, c'est que le Canada a pas mal à offrir en termes d'ingénierie et de recherche», a-t-il rapporté.

«Avec notre capacité qui est établie au Canada, particulièrement en Ontario et au Québec, il y a la possibilité que Canada contribue si Tesla décidait d'augmenter sa production», a-t-il poursuivi.

À Tesla, les discussions se sont surtout articulées autour de la disponibilité et de l'emplacement des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques, de même que de l'achat potentiel ou l'incitation fiscale pour les consommateurs ou entreprises. Ces deux enjeux seront sans doute inclus dans la stratégie fédérale de véhicules à zéro émission, dont le dévoilement est prévu l'an prochain.

«Nous sommes sur la bonne voie», a avancé le ministre en entrevue téléphonique.

Il a également été question de la sécurité et du respect de la vie privée en ce qui a trait aux véhicules autonomes, deux enjeux sur lesquels se penche le Comité sénatorial des Transports dans le cadre d'une étude demandée par le ministre Garneau. Son rapport est attendu d'ici la fin de l'année, mais cet échéancier pourrait changer.

Le président du comité, Michael MacDonald, et la sénatrice indépendante Patricia Bovey affirment que leur séjour en Californie a confirmé la pertinence des enjeux qu'ils avaient déjà soulevés.

«Il y a beaucoup plus à faire et à comprendre», a reconnu le sénateur conservateur.