Le succès de la récente campagne de syndicalisation des pilotes de WestJet a convaincu certains agents de bord du transporteur aérien de tenter de les imiter.

La deuxième plus grande ligne aérienne canadienne s'est longtemps vantée de ses bonnes relations avec ses employés, qu'elle appelle «copropriétaires». Parmi les avantages sociaux offerts aux employés de WestJet se trouve notamment un programme d'achat d'actions apparié par l'entreprise.

Mais ces dernières semaines, WestJet est devenue la cible de deux syndicats qui espèrent pouvoir représenter ses 3000 agents de bord.

L'association des agents de bord professionnels de WestJet (WPFAA) dit avoir redoublé d'efforts, tandis que le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) envisage de lancer sa propre campagne pour syndiquer les agents de bord.

Selon le trésorier par intérim de la WPFAA, Daniel Kufuor, la décision des pilotes de WestJet de se joindre à l'association internationale des pilotes de ligne (ALPA) a agi comme un catalyseur.

«Cela est perçu (...) comme le premier domino à tomber», a illustré M. Kufuor, un ancien agent de bord de WestJet dont le renvoi fait l'objet d'une poursuite en justice pour congédiement injustifié.

Selon lui, la WPFAA a réussi à faire signer environ 1200 cartes de syndicat et aurait besoin de 200 cartes de plus pour atteindre le seuil des 40 pour cent exigé avant de pouvoir demander un vote de syndicalisation. Mais le nombre de cartes signées fluctue sans cesse puisque les cartes expirent après six mois et que WestJet continue d'embaucher des agents de bord.

Le SCFP, qui représente déjà environ 10 000 agents de bord au Canada, dont la plupart chez Air Canada, envisage aussi de lancer une nouvelle campagne de syndicalisation chez WestJet. Il a déjà essuyé des revers en 2006 et en 2013.

Selon Hugh Pouliot, un porte-parole du SCFP, le projet n'en est qu'à l'étape de la planification et quelques discussions ont eu lieu avec les agents de bord. Mais une décision formelle n'a pas encore été prise.

«Des gens nous ont parlé au sujet d'une syndicalisation, particulièrement depuis qu'ALPA a syndiqué les pilotes», a expliqué M. Pouliot.

Le chef de la direction de WestJet, Gregg Saretsky, s'était dit déçu de la décision des pilotes, en mai, mais il avait indiqué qu'il travaillerait avec le nouveau syndicat.

«WestJet croit que la direction et les employés travaillent mieux lorsque le dialogue est ouvert et direct», a indiqué Lauren Stewart, porte-parole du transporteur, dans un courriel. «C'est la marque de notre succès depuis plus de 20 ans.»

Les efforts de syndicalisation surviennent alors que WestJet se prépare à lancer son plan d'expansion le plus ambitieux depuis sa fondation, en 1996. L'entreprise veut notamment lancer un transporteur à très bas prix et augmenter sa présence sur le marché international.

L'analyste Ben Cherniavsky, de la firme Raymond James, estime que cette croissance, ainsi que d'autres initiatives comme de nouveaux frais pour les bagages et l'introduction de vols vers Londres, alimentent le mouvement de syndicalisation.

M. Cherniavsky croit que la réussite de cette campagne, bien qu'elle ne soit pas étonnante, entraînera vraisemblablement une hausse des coûts pour WestJet.

«Même s'il serait injuste de conclure que la syndicalisation des pilotes de WestJet signale que la culture de l'entreprise est 'brisée', il n'y a aucun doute que les relations de travail sont devenues plus difficiles pour l'entreprise», a-t-il souligné dans une note à ses clients.

Le transporteur continuera de discuter avec ses employés alors que ses plans d'expansion se poursuivront, a indiqué Mme Stewart.

«Nous nous concentrons sur nos plans d'expansion et nous allons travailler avec nos employés pour nous assurer qu'ils soient entendus lorsque nous introduirons ces nouvelles initiatives excitantes.»