L'Association internationale des pilotes de ligne (ALPA) soutient que plus de 1400 pilotes de WestJet ont voté dans une proportion de 62 % pour la création d'un tout premier syndicat au sein du deuxième transporteur canadien.

L'ALPA indique que 97 % des pilotes de WestJet ont participé au scrutin. Lorsque les résultats seront certifiés par le Conseil canadien des relations industrielles, le syndicat deviendra le négociateur exclusif des pilotes de WestJet.

L'ALPA se targue d'être le plus important syndicat de pilotes dans le monde, avec ses 55 000 membres aux États-Unis et au Canada. Présent depuis 1931, il représente notamment les pilotes d'Air Transat, de Delta, de United et de FedEx Express.

Le président d'ALPA Canada, Dan Adamus, a indiqué dans un communiqué que le syndicat avait bien hâte de mettre ses ressources au service des pilotes de WestJet afin de les aider à conclure leur première convention collective.

Le président et chef de la direction de WestJet, Gregg Saretsky, s'est quant à lui dit déçu du résultat du vote, mais il s'est engagé à «aller de l'avant en tant qu'équipe». «Nous nous efforcerons maintenant d'engager un dialogue constructif avec l'ALPA et concentrerons nos efforts à la poursuite du succès de l'organisation pour nos invités, nos employés et nos actionnaires», écrit-il dans un communiqué.

Le transporteur aérien s'est longtemps opposé à la syndicalisation au sein de l'entreprise, et plusieurs scrutins visant à former un syndicat ont échoué au fil des ans, notamment celui des pilotes en 2015. WestJet, qui a longtemps présenté l'absence de tout syndicat comme un avantage concurrentiel, a vu son action perdre 4,2 % de sa valeur à la clôture des marchés vendredi.

Rob McFadyen, membre du comité organisateur pour l'accréditation ALPA chez WestJet, affirme que le vote visait à obtenir le soutien des pilotes pour des enjeux comme la santé, la retraite, l'épuisement professionnel, la sécurité, le soutien familial et la protection juridique. Les pilotes de WestJet étaient représentés jusqu'ici par une simple association de boutique.

Maintenant la ligne dure

Jason Foster, spécialiste des relations de travail à l'Université Athabasca, a rappelé vendredi que les résultats du vote d'accréditation contrastent avec ceux de 2015, alors que les pilotes s'étaient prononcés en faveur de la syndicalisation dans une proportion de 45 % seulement. «Cela démontre que les travailleurs de l'industrie aérienne réagissent aux soubresauts et aux changements constants qui agitent ce secteur ces temps-ci.»

Selon le professeur Foster, les relations de travail chez WestJet sont plus tendues depuis que le transporteur a investi le marché des vols à très faibles coûts, tout en voulant faire concurrence à Air Canada dans le secteur des voyages internationaux de luxe. M. Foster croit maintenant que WestJet adoptera la ligne dure à la table de négociations avec ses pilotes. «Ce ne sera pas très beau à voir.»

Karl Moore, expert en gestion à l'Université McGill et ancien consultant dans le secteur de l'aviation civile, croit que le désir de  syndicalisation chez WestJet résulte de la croissance rapide de cette compagnie depuis ses débuts modestes il y a 21 ans. Le transporteur de Calgary compte actuellement plus de 12 000 employés, qu'il appelle des «copropriétaires de l'entreprise».

M. Moore s'attend aussi à ce que le désir de syndicalisation atteigne maintenant d'autres catégories d'emploi chez WestJet, comme celle des agents de bord ou des mécaniciens.