Le conseil d'administration de Bombardier a approuvé le report de 2019 à 2020 d'une partie des hausses de rémunération consenties à ses grands patrons pour l'an dernier. La multinationale n'a toutefois pas l'intention de dévoiler les objectifs financiers que ceux-ci devront atteindre pour les recevoir.

Dans un document déposé hier après-midi auprès des autorités réglementaires, Bombardier se limite à dire que ces cibles sont toujours composées du bénéfice d'exploitation avant éléments spéciaux et des flux de trésorerie disponibles pour la période allant de 2016 à 2019. Jusqu'ici, la période visée était de 2016 à 2018.

« Il faut que la performance soit au rendez-vous une année de plus pour atteindre la pleine valeur de la rémunération, a déclaré à La Presse un porte-parole de Bombardier, Simon Letendre. On peut présumer que les cibles pour 2019 seront plus élevées [que celles pour 2018]. »

« Les cibles de performance au titre des incitatifs à long terme ne sont pas présentées puisqu'elles contiennent des renseignements d'ordre commercial hautement confidentiels et des renseignements stratégiques clés concernant le plan de redressement de Bombardier », peut-on lire dans la circulaire de procuration envoyée aux actionnaires. L'entreprise assure que les cibles « sont établies à un niveau ambitieux et exigeant, compte tenu de la conjoncture économique, et qu'elles sont atteignables moyennant des efforts considérables de la part de la haute direction ».

Quelques objectifs sont néanmoins connus : des flux de trésorerie disponibles neutres d'ici la fin de 2018, puis des revenus de 25 milliards US et des marges d'exploitation d'au moins 7 % en 2020.

Jusqu'ici, en incluant le salaire de base, les primes en argent, la valeur du régime de retraite et les autres versements, les six plus hauts dirigeants de Bombardier ont reçu pour 2016 une rémunération de 15 millions US. Ils pourraient recevoir jusqu'à 16 millions US de plus en 2020 sous forme d'actions et d'options d'achat d'actions si les cibles sont atteintes.

BAISSE DE 1,4 MILLION US POUR BEAUDOIN

Ces chiffres tiennent compte du fait que, dans la foulée du tollé sur l'augmentation de la rémunération de la haute direction de Bombardier, le président exécutif du conseil d'administration de l'entreprise, Pierre Beaudoin, a renoncé à toute hausse pour 2016, de sorte que sa rémunération totale passe de 5,25 à 3,85 millions US, soit 1,4 million US de moins. Sa prime annuelle en argent est passée de 943 600 à 843 600 $US, tandis que ses attributions futures en actions et en options sont passées de 3,09 à 1,79 million US.

Soulignons que Bombardier n'a pas atteint les rendements financiers qui étaient associés aux unités d'actions octroyées aux dirigeants de 2011 à 2014, de sorte que ces titres n'ont plus aucune valeur.

Bombardier maintient que son objectif est de fixer la rémunération de ses hauts dirigeants « au point médian de celle de postes similaires au sein d'entreprises ayant des activités internationales, dont la taille et la complexité sont comparables à celles de Bombardier sur les marchés pertinents ».

Le groupe de référence dont se sert Bombardier à cette fin est composé de 25 entreprises américaines : 13 d'entre elles ont des revenus supérieurs à Bombardier, six ont des revenus comparables et six, des revenus inférieurs. Pour 2016, la rémunération totale du PDG Alain Bellemare, qui inclut la portion reportée en 2020, se situe nettement sous la médiane du groupe de référence.

Photo David Boily, Archives La Presse

Pierre Beaudoin, président exécutif du conseil d'administration de Bombardier