Même s'il a répété son intention d'investir dans le Réseau électrique métropolitain (REM), le gouvernement fédéral ne sait pas encore comment pourrait s'articuler sa participation. Ottawa a lancé récemment un appel d'offres pour trouver une firme qui l'aidera à analyser les conditions d'un « investissement financier éventuel » dans le projet de train électrique, a appris La Presse.

L'appel d'offres, lancé le 21 février et clos le 15 mars dernier, a généré un intérêt énorme d'un océan à l'autre. Une trentaine d'acteurs importants de la finance, dont la Banque Nationale, RBC, Deloitte, EY et KPMG, ont demandé des documents à l'agence fédérale PPP Canada pour pouvoir soumissionner.

Le mandat consistera à « effectuer une analyse financière et à examiner les options d'investissement pour un investissement financier éventuel de la part du gouvernement du Canada dans le projet REM », indique l'appel d'offres. La firme choisie devra aussi « fournir des conseils financiers ponctuels au gouvernement du Canada sur les questions relatives à la possibilité d'investir dans le projet ».

En entrevue à La Presse, hier, le ministre de l'Infrastructure et des Collectivités, Amarjeet Sohi, a assuré que le processus allait bon train et qu'un investissement d'Ottawa dans le REM était toujours dans les plans. Ottawa devrait annoncer sous peu l'identité du « conseiller en services bancaires d'investissement » qui sera retenu au terme de l'appel d'offres.

PAS DE MONTANT CONFIRMÉ

Selon le ministre Sohi, les discussions au sujet du REM, un projet de 6 milliards de dollars mis de l'avant par la Caisse de dépôt et placement du Québec, progressent bien. Il dit avoir reçu une proposition financière « mise à jour » de la Caisse et avoir rencontré une nouvelle fois Michael Sabia, le grand patron de l'institution, vendredi dernier.

« Nous avons une relation de travail très bonne et solide avec la province de Québec sur ce projet et sur plusieurs autres, et nous évaluons la proposition en ce moment », a dit M. Sohi.

Malgré l'intérêt répété par plusieurs ministres fédéraux envers le REM, incluant Justin Trudeau lui-même, aucune somme précise n'a toutefois encore été avancée par Ottawa. Québec a confirmé le mois dernier une participation de 1,3 milliard, et un investissement équivalent est espéré de la part du fédéral.

L'appel d'offres lancé en février vise justement à obtenir des conseils pour déterminer si le REM mérite des fonds d'Ottawa, et combien.

« Un projet aussi complexe que celui-ci requiert une expertise spéciale de notre côté pour l'évaluer. C'est pour cette raison que nous avons engagé des gens par l'entremise de PPP Canada, ainsi que des experts externes pour nous conseiller sur ce projet. » - Le ministre Amarjeet Sohi

M. Sohi ajoute que le REM constitue « un très grand projet, très complexe et très important » pour le Québec et pour la métropole. « C'est pourquoi on met plus d'efforts et de ressources pour faire notre vérification diligente et faire l'évaluation d'une façon expéditive. »

À terme, la participation fédérale au projet du REM devrait se faire par l'entremise de la Banque de l'infrastructure du Canada, qui n'a pas encore été créée.

L'OPPOSITION DUBITATIVE

L'opposition tant conservatrice que néo-démocrate à Ottawa accuse le gouvernement libéral de se traîner les pieds dans le dossier des transports en commun. Alexandre Boulerice, député du Nouveau Parti démocratique, estime qu'Ottawa ne fait pas preuve d'un « leadership fort ».

« Le problème, c'est qu'on ne sait pas comment la Banque de l'infrastructure va fonctionner, a-t-il avancé. Le conseil d'administration ne devrait pas être formé avant la fin de l'année, et le projet de loi [pour créer la Banque] n'a même pas encore été déposé. »

Le conservateur Luc Berthold, vice-président du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités, avance pour sa part que « plusieurs questions restent en suspens ». Il s'interroge en particulier sur l'appel d'offres lancé par PPP Canada en février dernier.

« Ça me questionne quand on vient dire que c'est le gouvernement du Québec qui doit prioriser ses projets de transport et qu'ensuite, Ottawa mandate des firmes pour déterminer si la priorité du Québec est la bonne », a-t-il exprimé.

PLUIE DE DOLLARS

Amarjeet Sohi insiste pour dire que des sommes importantes seront mises à la disposition de Québec pour financer ses divers projets prioritaires, par exemple le REM, le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal ou encore le service rapide par autobus à Québec.

« La province de Québec va recevoir une somme significative du gouvernement fédéral dans le secteur des transports en commun, dans le cadre de notre plan d'infrastructure à long terme, a-t-il affirmé. Ce sera beaucoup, beaucoup plus que le montant de 1,3 milliard que certains mentionnent publiquement. »

Image fournie par CDPQ Infra

Le Réseau électrique métropolitain (REM) est un projet de 6 milliards de dollars mis de l'avant par la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Photo Adrian Wyld, archives La Presse canadienne

Amarjeet Sohi, ministre fédéral de l'Infrastructure et des Collectivités