Justin Trudeau a dû affronter un barrage de critiques lundi à Ottawa dans le dossier de Bombardier, avant d'admettre pour la première fois sa déception par rapport aux fortes augmentations de salaire que se sont accordées les membres de la direction de l'entreprise.

Rona Ambrose, chef par intérim du Parti conservateur, a accusé le premier ministre de «remplir les poches du 1% du 1% avec l'argent des contribuables», en référence au prêt de 372,5 millions accordé par le gouvernement fédéral à Bombardier. 

Justin Trudeau, qui avait refusé d'intervenir dans le dossier la semaine dernière, en disant respecter la «libre entreprise», a martelé lundi que l'injection d'Ottawa constitue un prêt - et non une subvention.

«Nous avons fait un prêt à Bombardier, un prêt remboursable pour assurer de bons emplois dans la C Series et le Global 7000 et assurer la viabilité à long terme de l'industrie aéronautique au Canada», s'est défendu le premier ministre pendant la période des questions à la Chambre des communes.

Il a ensuite admis ne pas être «satisfait» par la hausse salariale de 48% que se sont consentis les plus hauts dirigeants de Bombardier, au moment où l'entreprise est déficitaire et supprime des milliers d'emplois au Québec. 

Le groupe aéronautique a annoncé ces derniers jours quelques ajustements pour réduire ou reporter les augmentations.

«Nous ne sommes évidemment pas ravis par la décision que Bombardier a prise par rapport à la rémunération de ses dirigeants, mais nous sommes heureux de voir qu'ils ont pris des décisions pour réparer la confiance des contribuables du Québec et du Canada», a avancé Justin Trudeau.

Mulcair attaque aussi

Thomas Mulcair, chef du Nouveau Parti démocrate, a de son côté accusé le gouvernement Trudeau d'avoir floué la classe moyenne canadienne, au profit des hauts dirigeants de Bombardier. 

«Pourquoi le gouvernement libéral s'est-il engagé à un prêt de 400 millions sans obtenir aucune garantie de garder les emplois au Canada, tout en permettant que tout cet argent aille dans leurs poches?» a-t-il lancé.

Justin Trudeau s'est encore une fois défendu, ajoutant toutefois comprendre les «préoccupations légitimes des Canadiens» par rapport à la structure de rémunération des patrons de Bombardier.

De l'aveu même de son grand patron Alain Bellemare, Bombardier a frôlé la faillite en 2015. La situation s'est améliorée depuis, grâce à de nouvelles commandes pour la gamme d'avions C Series, mais l'entreprise a tout de même vu ses revenus reculer l'an dernier, et sa perte nette atteindre 981 millions. 

Outre le prêt du fédéral, Bombardier a bénéficié d'une injection de 1,3 milliard de Québec dans la C Series et d'un investissement de 2 milliards de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans sa division ferroviaire.