Bombardier a fait pression sur le gouvernement pour éviter d'ajouter l'ancien patron des chemins de fer russes, Vladimir Iakounine, à la liste des personnes sanctionnées à la suite de la crise ukrainienne, selon le quotidien Globe and Mail.

Le nom de Vladimir Iakounine apparaît dans un rapport d'enquête suédois qui a mené vendredi à des poursuites contre Evgeny Pavlov, employé russe du fabricant de trains Bombardier et soupçonné d'avoir versé des pots-de-vin pour des contrats en Azerbaïdjan.

«Nous avons averti le gouvernement des investissements et des intérêts de Bombardier en Russie (afin de) s'assurer que nos activités ferroviaires ne soient pas désavantagées par rapport à nos concurrents mondiaux», a confié au journal canadien Mike Nadolski, responsable des communications de Bombardier.

«Inclure M. Iakounine sur la liste des sanctions aurait pu avoir des conséquences néfastes pour les affaires» de Bombardier, a-t-il ajouté en justifiant que M. Iakounine, proche du président russe, Vladimir Poutine, ne figurait pas sur les listes de sanctions contre les Russes prises par l'Union européenne, la Chine, le Japon ou la Corée du Sud.

En revanche, Vladimir Iakounine, considéré comme appartenant au premier cercle de Vladimir Poutine, est sur la liste noire des personnalités sanctionnées par les États-Unis à la suite du conflit dans l'est de l'Ukraine et la crise en Crimée.

M. Iakounine, 68 ans, a dirigé la compagnie des chemins de fer russes RZD pendant dix ans avant d'être remplacé en 2015. Pour l'opposition russe libérale, il représentait un symbole de la corruption au sein des élites au pouvoir à Moscou.

Sur la liste des sanctions canadiennes contre la Russie, prises en plusieurs étapes depuis mars 2014, des personnalités russes sont interdites d'entrée au Canada et leurs avoirs sont gelés.

Dans l'opposition jusqu'à l'automne 2015, Chrystia Freeland, actuelle ministre des Affaires étrangères d'origine ukrainienne, avait interpellé l'ancien gouvernement conservateur sur l'absence de sanctions contre M. Iakounine.

Interrogé, le groupe Bombardier n'avait pas répondu aux questions de l'AFP mardi en fin de journée.