Le gouvernement Trudeau a fabriqué de toutes pièces le déficit de capacité qui guetterait les Forces canadiennes dans le but de justifier l'achat de 18 avions de chasse Super Hornet de Boeing, soutient le Parti conservateur.

À preuve, le lieutenant-général Mike Hood, qui est commandant de l'Aviation royale canadienne, a soutenu devant un comité parlementaire, le 14 avril, que la durée de vie utile des CF-18 donnait suffisamment de temps au gouvernement fédéral afin de lancer un appel d'offres (environ cinq ans) pour remplacer la flotte vieillissante de ses avions à partir de 2025 tout en respectant ses obligations envers l'OTAN et NORAD.

Et même si le ministre de la Défense Harjit Sajjan a commencé à évoquer qu'un déficit de capacité pourrait empêcher le Canada de respecter ses obligations militaires à l'étranger à partir du mois de mai, le Ministère lui-même a confirmé par écrit les propos tenus par le lieutenant-général Hood devant le comité parlementaire dans une note expédiée aux députés le 21 novembre.

Cette note a été envoyée aux élus 24 heures avant que le ministre de la Défense ainsi que la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Judy Foote, annoncent que le gouvernement Trudeau a décidé d'acheter 18 avions Super Hornet de Boeing à un prix inconnu pour le moment parce qu'il compte le négocier avec la société américaine au cours des prochains mois.

Pour le député conservateur Pierre Paul-Hus, il est évident que le gouvernement Trudeau tente par tous les moyens de justifier sa décision d'acheter 18 Super Hornet, quitte à fabriquer un déficit de capacité, dans l'unique but d'écarter les avions de chasse F-35 d'un éventuel appel d'offres, comme les libéraux ont promis de le faire durant la dernière campagne électorale, même si cette dernière option s'avère la meilleure pour les Forces armées canadiennes.

« Tout cela est une vaste tromperie depuis le début. Depuis que les libéraux ont promis de ne pas acheter de F-35, le gouvernement Trudeau cherche par toutes les façons d'acheter un autre type d'avion pour le Canada, sans considérer les faits », a tonné M. Paul-Hus, qui est membre du comité permanent de la Défense de la Chambre des communes.

« Le lieutenant-commandant Hood a confirmé qu'avec les 76 avions que nous avons actuellement, nous sommes bons jusqu'en 2025. La sécurité du Canada n'est pas compromise. Nos engagements envers l'OTAN et NORAD ne sont pas compromis non plus. Donc, le déficit de capacité évoqué par le ministre de la Défense depuis le printemps a été créé de toutes pièces. »

- Le député conservateur Pierre Paul-Hus

UN DISCOURS QUI « ÉVOLUE »

M. Paul-Hus a d'ailleurs souligné, documents à l'appui, que les lobbyistes à l'emploi de Boeing ont multiplié les rencontres avec des conseillers travaillant au bureau du premier ministre de même qu'aux bureaux du ministre de la Défense et du ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique entre le 6 avril et le 18 octobre. Cela correspond avec la période où le gouvernement Trudeau a commencé à évoquer ce fameux déficit de capacité.

« Chaque fois que les lobbyistes de Boeing rencontraient les gens du bureau du premier ministre ou les ministres, le ministre de la Défense arrivait avec des nouveaux arguments. Son discours évoluait au fur et à mesure de ces rencontres. Mais au comité de la défense, on avait des faits qui démontraient le contraire de ce que le ministre disait. Il y a un rapport de la Défense nationale de 2014 qui confirmait qu'on ne devait pas acheter une flotte intérimaire, comme veut le faire le gouvernement. Ce rapport a récemment été radié du site internet du ministère. C'est donc clair comme de l'eau de roche que c'est une fabrication pour conduire à l'achat d'avions qui ne sont pas nécessaires en ce moment et retarder un appel d'offres transparent », a ajouté M. Paul-Hus.

Au cours des dernières semaines, le ministre Sajjan s'est retrouvé sur la sellette à la suite de la décision du gouvernement Trudeau d'acheter les 18 Super Hornet. Chaque fois, il a dit vouloir « gérer le risque » d'un déficit de capacité, allant même jusqu'à souligner que le Canada pourrait manquer d'avions, advenant un autre attentat terroriste de l'ampleur de ceux qui sont survenus le 11 septembre 2001 aux États-Unis.