L'accord donné par les États-Unis à la vente d'Airbus et de Boeing à l'Iran lui permet non seulement de moderniser sa flotte aérienne, mais aussi de rassurer les grandes banques et sociétés étrangères qui veulent y travailler.

Une première licence a été accordée à Airbus pour la vente de 17 moyen-courriers A320 et des long-courriers A330. L'avionneur européen espère obtenir une seconde licence prochainement.

De son côté, l'avionneur américain Boeing a annoncé avoir obtenu le feu vert des États-Unis pour vendre des avions neufs à l'Iran, une première depuis la Révolution islamique de 1979.

Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré que d'autres autorisations seraient accordées «ces prochaines semaines» après une réunion entre l'Iran et les pays du groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

La compagnie nationale iranienne Iran Air avait signé en janvier un protocole d'accord avec Airbus pour l'achat de 118 appareils pour un montant de 10 à 11 milliards de dollars. Pour sa part, Boeing avait conclu en juin un protocole d'accord pour la vente de près de 110 appareils. Les deux sociétés devaient obtenir l'accord du Trésor américain pour finaliser les contrats.

L'annonce des licences accordées par l'Office pour le contrôle des avoirs étrangers (OFAC), qui dépend du Trésor américain, a été une bonne surprise, alors que les responsables iraniens n'ont cessé de critiquer ces derniers mois l'attitude des États-Unis.

Malgré l'entrée en vigueur en janvier de l'accord nucléaire conclu avec le groupe 5+1, Washington continue d'imposer des sanctions contre l'Iran à cause de son programme balistique, son soutien à certains groupes comme le Hezbollah libanais ou des groupes islamistes palestiniens considérés comme «terroristes» ou encore à cause de la situation des droits de l'Homme dans le pays.

Depuis New York, où il se trouve pour participer à l'Assemblée générale des Nations unies, le président Hassan Rohani a critiqué «la politique du Trésor américain qui complique les transactions entre les grandes banques et sociétés étrangères avec l'Iran», selon l'agence officielle Irna.

Flotte vieillissante

Mais de fait, les licences accordées par l'OFAC vont permettre d'entamer la modernisation de la flotte aérienne de l'Iran, même si aucun calendrier n'a été donné pour les livraisons des appareils.

Une flotte actuelle est composée de 140 avions dont la moyenne d'âge est d'environ 20 ans. Le pays aura besoin de 400 à 500 avions de ligne dans la prochaine décennie, selon l'Organisation iranienne de l'aviation civile.

«Ces licences vont permettre à des constructeurs plus petits, qui n'avaient pas les moyens d'Airbus et de Boeing de faire pression sur les États-Unis, pour obtenir aussi des autorisations pour vendre des avions à l'Iran», écrit le quotidien économique iranien Donaye Eghtessad.

L'Iran a déjà annoncé la commande de 40 avions au groupe français ATR, 50 au brésilien Embraer, 20 autres au japonais Mitsubishi.

«Tabou brisé»

L'annonce des autorisations américaines a été bien accueillie dans les milieux économiques et bancaires iraniens.

«Un tabou est brisé. Cet accord va permettre d'apaiser la peur des grandes banques et sociétés étrangères qui veulent travailler avec l'Iran», a déclaré à l'AFP un responsable d'une banque privée iranienne sous couvert d'anonymat. «Il va permettre de mettre en place des canaux financiers pour que les grandes banques étrangères puissent travailler avec l'Iran».

«Certains experts estiment qu'on peut s'attendre à une reprise prochaine des relations entre les grandes banques occidentales et les banques iraniennes», affirme de son côté le quotidien Donaye Eghtessad.

En effet, le montage financier des accords avec Airbus et Boeing, de plusieurs milliards de dollars, nécessite l'intervention des grandes banques internationales, affirme le journal.

Enfin, sur le plan politique, le président Rohani, qui devrait se présenter pour un second mandat lors de la présidentielle de mai 2017, pourra également s'appuyer sur la mise en oeuvre de ces accords avec Airbus et Boeing pour soutenir que l'accord nucléaire et sa politique d'entente avec la communauté internationale, critiquée par une partie des conservateurs, porte ses fruits.