Comme plusieurs de ses concurrents européens, le groupe aérien allemand Lufthansa s'attend à des temps difficiles en raison de la menace terroriste et d'incertitudes croissantes liées par exemple au Brexit.

«Notre secteur doit se préparer à un deuxième semestre difficile», a averti Carsten Spohr à l'occasion de la présentation du dernier rapport financier semestriel du groupe, propriétaire des compagnies Lufthansa, Swiss, Austrian Airlines et Eurowings.

«Les épouvantables attaques terroristes inquiètent les gens», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse téléphonique. Le projet du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne est aussi un facteur déstabilisant.

«À cause des attentats répétés en Europe et de l'incertitude politique et économique, les réservations anticipées, en particulier sur les vols long-courriers vers l'Europe, ont nettement baissé», a expliqué la directrice financière, Simone Menne. C'est par exemple le cas des réservations de groupe en provenance des États-Unis et d'Asie, a-t-elle précisé.

Cela a poussé Lufthansa à revoir à la baisse, fin juillet, ses ambitions pour 2016. Le groupe prévoit un bénéfice d'exploitation ajusté «en dessous de celui de l'année précédente, de 1,8 milliard d'euros».

Plus de détails seront donnés au troisième trimestre, a affirmé Mme Menne, qui a toutefois insisté sur la capacité de Lufthansa à verser un dividende pour l'exercice en cours.

L'ombre du Brexit a aussi conduit le britannique EasyJet et International Airlines Group (IAG), maison mère de British Airways et Iberia, à revoir leurs ambitions financières à la baisse. Et la compagnie aérienne irlandaise Ryanair a prévenu que le Brexit pourrait affecter ses prévisions annuelles, maintenues pour l'instant.

Prix en baisse

Les réservations manquantes accroissent encore la pression déjà très forte sur les prix, sur fond de concurrence exacerbée dans le secteur aérien, et Lufthansa n'attend pas d'amélioration à court terme.

Au premier semestre, les revenus issus des vols (passagers et fret) ont reculé de 4,5% sur un an, à 11,6 milliards d'euros. Lufthansa a décidé de revoir ses projets de hausse de ses capacités. L'augmentation sera de 5,4% cette année, contre 6% prévue initialement.

Pour les six premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires a glissé de 2% sur un an à environ 15 milliards d'euros, le pétrole bon marché ne compensant pas totalement la baisse des prix des billets, et le bénéfice net a reculé de 55% à 429 millions d'euros.

Mais sur le plan opérationnel, le bénéfice d'exploitation Ebit ajusté a grimpé de 13% à 529 millions d'euros. Lufthansa a progressé grâce à sa division passagers tandis que sa division de fret Lufthansa Cargo est toujours mal en point et devrait connaître une nouvelle perte annuelle.

Au seul deuxième trimestre, le bénéfice net a chuté de 17% à 437 millions d'euros, légèrement plus qu'attendu.

Selon Mme Menne, cette contre-performance renvoie aux effets exceptionnels positifs qui avaient gonflé les performances du deuxième trimestre 2015.

Lufthansa s'est félicité d'avoir conclu récemment un accord avec le syndicat de son personnel de cabine UFO, qui avait mené en novembre la plus longue grève de l'histoire du groupe. Ce compromis aura un effet positif sur le résultat du troisième trimestre.

Les négociations avec le syndicat des pilotes Cockpit, à l'origine de plusieurs débrayages ces dernières années, sont toujours en cours.

À la Bourse de Francfort, Lufthansa perdait 3,26% à 10,38 euros vers 7h30 HE dans un marché en recul de 1,37%.