Airbus a sérieusement envisagé d'investir dans le programme d'avions C Series l'automne dernier, d'autant plus que Bombardier lui offrait de le faire «pour une chanson», a indiqué hier le vendeur en chef du géant européen, John Leahy.

Si Airbus a finalement décidé de passer son tour, c'était par crainte qu'un investissement dans la C Series ne devienne une «distraction» pour ses dirigeants alors que le constructeur en a plein les bras avec la montée en production de l'A320neo, de l'A350 et de l'A330neo, a-t-il affirmé d'après ce que rapporte la publication spécialisée Flight Global.

Selon M. Leahy, qui fait la pluie et le beau temps chez Airbus depuis 1985, l'entreprise aurait pu réduire de 10% les coûts de production de la C Series, un appareil qu'il aime qualifier de «mignon petit avion».

Mais cela aurait été insuffisant pour faire du programme un succès commercial, a estimé le dirigeant. Selon lui, Boeing peut dégager une «saine marge bénéficiaire» en vendant des 737 Max 7 dans une fourchette de 35 à 45 millions US même si leur prix officiel est de 90 millions US. À ces prix, Bombardier serait incapable de générer des profits avec la C Series, dont les prix officiels oscillent entre 72 et 82 millions US, a soutenu John Leahy.

D'après des sources de l'industrie, Delta Air Lines paiera entre 25 et 30 millions US pour chacun des 75 avions CS100 commandés le mois dernier. Bombardier a indiqué qu'il s'attendait à perdre environ 4 millions US sur chaque appareil en raison de ce «prix de lancement» consenti au transporteur américain.

Devant le refus d'Airbus d'investir dans la C Series, Bombardier s'est tourné vers le gouvernement du Québec, qui s'est engagé en octobre à prendre une participation de 49,5 % dans le programme pour 1 milliard US. L'avionneur demande au gouvernement fédéral de faire de même. Si Ottawa embarque, Bombardier et les deux gouvernements détiendront chacun un tiers de la C Series.