Le projet de train léger pour la grande région de Montréal suscite des réactions majoritairement très positives, tant chez les gens d'affaires qu'auprès des usagers des transports collectifs.

Un réseau de système léger sur rail (SLR) automatisé et électrique intégré reliera le centre-ville de Montréal, l'aéroport Montréal-Trudeau, la Rive-Sud par le nouveau pont Champlain, la Rive-Nord et l'Ouest de l'île de Montréal, a annoncé vendredi matin CDPQ Infra, une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

L'Agence métropolitaine de transport (AMT) se réjouit de l'annonce, spécifiant que le projet de 5,5 milliards s'inscrit, selon elle, dans le développement de la vision métropolitaine du transport collectif.

C'est aussi le cas de la Communauté urbaine de Montréal. «Ce projet de réseau électrique métropolitain va propulser le Grand Montréal parmi les leaders mondiaux de la mobilité durable», a déclaré le président de la Communauté et maire de Montréal, Denis Coderre.

Pour l'aéroport Montréal-Trudeau, le projet a un impact certain.

«Il dépasse toutes nos attentes», s'est exclamé James Cherry, président-directeur général d'Aéroports de Montréal.

«Pour la clientèle d'affaires et les touristes, de même que pour les milliers de travailleurs de l'aéroport qui demeurent dans la région métropolitaine, le réseau électrique s'avérera une option de transport des plus pertinentes», a-t-il ajouté.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain félicite de son côté CDPQ Infra pour sa «démarche rigoureuse réalisée dans un délai exemplaire». De plus, son entrée en service est prévue pour 2020.

«La fréquence élevée et les heures étendues du service ainsi que son tarif abordable nous portent à croire que le milieu des affaires utilisera le nouveau système, notamment pour ses déplacements vers l'aéroport», a indiqué par voie de communiqué Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) tient des propos similaires. Elle salue également le choix de la technologie entièrement électrique qui entraînera, souligne-t-elle, la diminution de près de 16 800 tonnes de GES annuellement.

«Il s'agit d'un projet d'envergure mondiale qui aura un impact majeur sur l'économie de Montréal et du Québec. Ses retombées se feront sentir très concrètement», a déclaré Françoise Bertrand, présidente-directrice générale de la FCCQ.

Le Conseil du patronat du Québec a de son côté salué le projet d'une «envergure historique» et lui donne même une note de «AAA».

«Cela frappe l'imaginaire et cela fait longtemps que le Québec avait vu pareille ambition», a dit Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du CPQ.

Il est d'avis que le projet permettra de positionner avantageusement le Québec et sa métropole à travers le monde, ainsi que parmi les grandes villes les plus innovantes, avec ce réseau qui serait selon lui le troisième du genre en importance après Dubaï et Vancouver.

Pour deux regroupements d'usagers des transports en commun, soit Transport 2000 Québec et l'Association pour le transport collectif sur la Rive-Sud (ATCRS), il s'agit d'une très bonne nouvelle.

En plus d'améliorer la desserte pour les navetteurs entre Montréal et la Rive-Sud, ce projet améliorera le transport interne de la région, avance cette dernière. Et en desservant le complexe commercial et de divertissement Dix30 de façon fréquente et rapide, le SLR pourra enfin offrir une concurrence à l'automobile dans ce qui est jusqu'à présent le paradis des voitures, ajoute-t-il.

L'organisme Vivre en ville souligne avec satisfaction que l'amélioration des connexions entre les autres modes de transport apparaît particulièrement intéressante. «Le lien entre le projet et le réseau de métro, notamment, est une des clés du succès», juge-t-il.

La ville de Brossard, qui sera l'extrémité du tronçon sud du projet, dit le recevoir avec «un grand enthousiasme», tout comme la ville de Pointe-claire, dans l'ouest de l'île.

La Coalition pour un train de l'Ouest était sur un nuage vendredi.

«Cela va changer les choses du tout au tout, a déclaré son porte-parole, Clifford Lincoln. Nous avons le plus gros pourcentage de gens qui se servent de leur voiture parce que s'ils vont en ville, ils ne peuvent pas revenir, il n'y a pas assez de trains. Ça va changer de façon drastique», croit-il.

Mais la nouvelle n'a pas fait que des heureux.

L'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP) considère que le projet comporte des risques réels pour le bas de laine des Québécois et rappelle que l'expertise de la Caisse est liée aux investissements financiers et non à la maîtrise d'oeuvre d'un projet de construction.

L'Association ne doute pas de la pertinence du projet mais plutôt de sa rentabilité. «Les dernières années ont démontré que les risques importants associés à ces grands projets (train de l'Est, CHUM, Îlot Voyageur) sont extrêmement élevés. Qui va payer s'il y a dépassement ou un déficit opérationnel du projet présenté aujourd'hui?», demande Donald Tremblay, président de l'AQRP.

Un bémol a aussi été exprimé par le maire d'arrondissement du Plateau-Mont-Royal à Montréal. Luc Ferrandez salue le projet de façon globale, mais craint que Montréal ne soit laissée pour compte.

Il souligne que le projet est surtout favorable aux banlieues. Quatre des cinq stations potentielles - et non prévues -  sont dans le centre de la ville: une à l'Université de Montréal, une près de l'Université McGill et deux dans le quartier Griffintown. Il demande ainsi au maire de Montréal, Denis Coderre, d'insister pour que ces quatre stations fassent partie intégrante du projet de train.

PHOTO TIRÉE DU COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Vision d'une station type du projet de SLR.