Bombardier, qui est souvent intervenue dans les débats constitutionnels au Canada, incite ses employés d'Irlande du Nord à voter contre le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE).

La sortie de Bombardier survient un peu plus de deux mois avant la tenue d'un référendum sur la question, qui aura lieu le 23 juin à l'initiative du premier ministre britannique, David Cameron. Les sondages donnent actuellement les deux camps au coude-à-coude.

« Il y a des points de vue marqués des deux côtés, a écrit Michael Ryan, directeur général des installations aéronautiques de Bombardier à Belfast, dans un message adressé au personnel que la BBC a obtenu. Mais si je me fie à notre expérience au sein de l'UE, je peux vous expliquer que nous croyons qu'il vaut mieux pour notre entreprise que le Royaume-Uni demeure à l'intérieur de l'UE. » Le dirigeant a ajouté qu'à ses yeux, la clarification de la position de Bombardier allait permettre aux salariés de « prendre une décision informée sur cette question très importante ».

Invitée à expliquer l'intervention de M. Ryan, une porte-parole de Bombardier, Haley Dunne, a répondu que celle-ci faisait suite à la demande d'employés souhaitant connaître la position de l'entreprise.

« L'accès aux chaînes d'approvisionnement européennes intégrées est crucial pour nos affaires, et la libre circulation des biens à travers l'Europe contribue significativement à notre compétitivité », a écrit Haley Dunne dans un courriel.

« De plus, notre entreprise bénéficie largement des investissements de l'UE dans des projets de recherche et d'innovation ainsi que des possibilités d'apprentissage que de tels projets offrent grâce à la collaboration avec d'autres entreprises aéronautiques européennes », a poursuivi Mme Dunne.

PAS UNE PREMIÈRE

La porte-parole a souligné que 70 % des entreprises membres d'ADS, l'association britannique des secteurs de l'aérospatiale, de la défense et de la sécurité, et 80 % des entreprises membres de la Confederation of British Industry (CBI), le principal regroupement patronal du Royaume-Uni, appuyaient le maintien du pays dans l'UE. Dans un guide publié sur son site web, la CBI recommande aux entreprises membres de communiquer à leurs salariés leur position en vue du référendum.

Or, la division ferroviaire de Bombardier, qui exploite une importante usine à Derby, en Angleterre, n'a pas envoyé de message pro-UE à ses employés, a indiqué hier un porte-parole, Marc Laforge.

Dans sa missive, Michael Ryan note que 95 % des composants produits par Bombardier en Irlande du Nord sont exportés hors du Royaume-Uni et que 33 % d'entre eux le sont dans d'autres pays européens. L'usine de Belfast fabrique notamment les ailes des avions C Series.

Rappelons que durant le référendum de 1995 sur l'avenir du Québec, Laurent Beaudoin, alors PDG de Bombardier, avait incité les salariés de l'entreprise à voter Non, évoquant notamment des problèmes potentiels de citoyenneté, de monnaie et de niveau de vie. Lors du référendum de 1992 sur l'accord constitutionnel de Charlottetown, M. Beaudoin avait envoyé un document aux employés de Bombardier pour les encourager à appuyer l'entente.