Le gouvernement Trudeau pourrait faire d'une pierre deux coups en relevant à 49 % la limite imposée aux investisseurs étrangers dans les compagnies aériennes du Canada : il donnerait un coup de pouce à la fois à Bombardier et aux consommateurs.

C'est du moins ce que soutient le Parti conservateur, qui est l'opposition officielle à la Chambre des communes et qui presse le ministre des Transports Marc Garneau d'agir le plus rapidement possible dans ce dossier.

La Presse a révélé jeudi que la compagnie Jetlines, qui tente de prendre son envol depuis quelques mois, a la ferme intention d'acquérir entre 24 et 40 avions C Series de Bombardier sur une période de huit ans si le gouvernement fédéral modifie la Loi sur les transports au Canada afin de faire passer la limite de la propriété étrangère de 25 % actuellement à 49 %.

Situé à Richmond, en Colombie-Britannique, Jeltines tente d'implanter sur le marché canadien un transporteur à rabais capable d'offrir aux voyageurs un plus grand de liaisons dans des villes et communautés qui sont mal servies par les deux principaux transporteurs, Air Canada et West Jet.

Le Canada, faut-il le rappeler, est le seul marché aérien des pays du G7 qui n'a pas de transporteur à très faible coût.

Pour le critique conservateur en matière d'industrie, Maxime Bernier, il ne fait aucun doute que cette mesure s'imposer pour donner un coup de pouce à Bombardier pour vendre ses appareils C Series et offrir plus de choix aux consommateurs.

« Jetlines pourrait offrir des services que les autres compagnies aériennes n'offrent pas aux Canadiens. Notre pays a été bâti en ayant recours à des capitaux étrangers, si on remontre loin dans notre histoire. Je n'ai absolument rien contre des investisseurs étrangers qui veulent investir des capitaux au pays. Le gouvernement Trudeau devrait donc procéder rapidement », a soutenu l'ancien ministre d'État aux petites entreprises dans le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

« Le deuxième avantage, c'est que Jetlines c'est engagé à acheter des avions C Series de Bombardier (si on augmente la limite de la propriété étrangère). Nous avons toujours dit qu'au lieu d'accorder une aide financière à Bombardier, il y a plusieurs façons de l'aider. C'en serait une. L'autre, ce serait de permettre l'agrandissement de l'aéroport de Billy Bishop. Ce sont deux gestes que pourrait poser le gouvernement fédéral, qui aiderait Bombardier, sans engager de fonds publics dans la compagnie », a ajouté M. Bernier.

Selon des informations obtenues par La Presse, l'engagement de Jetlines d'acquérir 24 avions C Series rapporterait 1,9 milliard de dollars dans les coffres de Bombardier. Si 16 autres avions étaient vendus, l'entreprise toucherait 1,3 milliard de plus.

Le relèvement à 49 % de la limite de la propriété étrangère des compagnies aériennes au pays était l'une des recommandations contenues dans un volumineux rapport sur l'avenir du transport au pays rédigé par l'ancien ministre de l'Industrie, David Emerson. Ce rapport a été remis au ministre des Transports, Marc Garneau, le mois dernier.

À l'heure actuelle, des investisseurs canadiens se montrent intéressés à investir dans Jetlines, mais pas en nombre suffisant. Toutefois, les investisseurs américains et britanniques, eux, sont nombreux à vouloir sortir leur chéquier pour en assurer le succès. Le seul hic, c'est cette limite de 25 %, en vigueur depuis 1987.

Au bureau du ministre Garneau, on s'est contenté de dire hier que l'on est à analyser les recommandations contenues dans le rapport de M. Emerson.