La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) ne prévoit pas, du moins à court terme, d'investir davantage dans Bombardier.

Pour le moment, l'exposition de l'investisseur institutionnel dans le constructeur d'avions et de trains est « importante », a expliqué mercredi son président et chef de la direction, Michael Sabia.

« Est-ce que nous sommes ouverts à l'idée d'augmenter notre position? Nous sommes toujours ouverts. Cela dépend des circonstances, a-t-il dit, mercredi. Est-ce que nous allons (...) augmenter notre niveau d'investissement dans Bombardier très prochainement? Je pense que non. »

Les questions entourant Bombardier ont été posées alors qu'étaient publiés les résultats annuels de la CDPQ, dont le rendement s'est établi à 9,1 % en 2015.

En plus d'avoir mis la main en novembre sur une participation de 30 % de la division ferroviaire pour 1,5 milliard $ US, la Caisse détenait à la fin de 2014 - soit selon les données les plus récentes de Thomson Reuters - quelque 41,6 millions d'actions de catégorie B de Bombardier, ou 2,15 % des titres en circulation.

« Nous avons réalisé un investissement important dans une filiale de la société, a dit M. Sabia. Pour l'instant, cela représente une exposition importante. Nous sommes prudents de ne pas surconcentrer nos expositions à l'endroit d'une société. »

Celui-ci n'a pas répondu lorsque questionné à savoir si des changements en matière de gouvernance chez Bombardier - contrôlée par la famille Beaudoin-Bombardier - pourraient le faire changer d'avis.

« Notre objectif est toujours le même : la performance, a-t-il dit. Notre préoccupation n'est pas juste la gouvernance pour la gouvernance. C'est important parce qu'elle (...) permet d'améliorer la performance de la société. »

D'après certains reportages, les actions assorties de plusieurs droits de vote détenues par la famille Beaudoin-Bombardier auraient été au coeur de certaines divergences entre l'entreprise et la CDPQ.

M. Sabia a également estimé qu'une éventuelle aide financière fédérale, combinée au milliard de dollars US injecté par Québec dans la CSeries, rendrait Bombardier plus attrayante aux yeux des investisseurs.

« S'il y a une réduction des risques, je crois que vous allez probablement voir la valeur de l'entreprise grimper, a dit le grand patron de la Caisse. Je crois que c'est le catalyseur. »

Celui-ci a également estimé que la lettre d'intention d'Air Canada était une bonne nouvelle pour la CSeries, puisque cela devrait envoyer des signaux encourageants aux autres compagnies aériennes.

Pas le choix avec Rona

Par ailleurs, M. Sabia a élaboré sur la décision de la Caisse de déposer ses quelque 18,2 millions d'actions du quincailler Rona, dont le conseil d'administration a accepté une offre de 3,2 milliards du géant américain Lowe's.

Concédant que cela était « malheureux », M. Sabia a estimé qu'il s'agissait de l'unique décision à prendre afin de « protéger le capital » des déposants - les Québécois.

« Nous aurions aimé bâtir un consolidateur, a-t-il affirmé. Nous avons fait beaucoup de choses depuis 2012 (lorsque Lowe's avait déposé une offre hostile) pour renforcer la société. »

La présence des géants Home Depot et Lowe's au Canada, la consolidation nord-américaine du secteur ainsi que la montée du commerce en ligne, un domaine dans lequel Rona n'était pas bien positionné, selon M. Sabia, sont les trois facteurs ayant joué un rôle dans la décision de la CDPQ.

L'investisseur institutionnel devrait empocher près de 438 millions $ en déposant ses actions de Rona.

« Il y a des gens, peut-être, qui pensent que nous aurions dû proposer une offre pour acheter la société, disons (en offrant) 25 $ par action, a observé le dirigeant de la CDPQ. Selon nous, il aurait été impossible de soumettre une telle offre sans perdre le capital de nos déposants. »

M. Sabia s'est montré satisfait du transfert du siège social canadien de Lowe's à Boucherville ainsi que de l'engagement du numéro deux nord-américain de la rénovation à l'endroit des fournisseurs québécois de Rona.