Le transporteur ferroviaire Canadien Pacifique aimerait que le département américain de la Justice enquête pour déterminer si les autres grands chemins de fer coordonnent de façon illégale leur opposition à son projet de fusion avec son concurrent Norfolk Southern.

Dans une lettre transmise mardi, le CP a demandé aux autorités réglementaires d'enquêter après que des dirigeants d'autres grands transporteurs ferroviaires se soient inquiétés, dans divers médias, de l'impact que la fusion avec le chemin de fer de la Virginie - qui créerait le plus grand transporteur ferroviaire en Amérique du Nord - pourrait avoir sur leur rentabilité et sur la valeur de leurs actionnaires.

«Nous sommes très inquiets que ces actions soient effectuées dans le principal but d'empêcher la transaction (...) et non pour toute autre raison légitime qui profiterait au public ou améliorerait la concurrence dans l'industrie du transport par rails aux États-Unis», affirme la lettre, signée par les avocats du Canadien Pacifique.

Les avances du Canadien Pacifique ont été repoussées à plusieurs reprises par Norfolk Southern. Son offre en espèces et en actions était d'abord évaluée à 28 milliards $ US en novembre, avant une amélioration qui placerait maintenant sa valeur entre 37 milliards $ US et 42 milliards $ US.

Selon le transporteur canadien, la fusion des deux entreprises augmenterait la concurrence et améliorerait l'efficacité pour les consommateurs.

Cependant, le CP accuse plusieurs des autres grands transporteurs ferroviaires d'avoir fait des efforts concertés en orchestrant une «large campagne de rencontres et de sollicitations auprès des clients, des médias et d'autres parties intéressées».

L'approbation du Surface Transportation Board des États-Unis est requise pour toute fusion. L'agence américaine n'a pas encore reçu de proposition formelle, mais elle a publié sur son site internet plus de 30 lettres obtenues de la part de politiciens et de clients qui s'opposent à l'entente.

Selon les propos du président du conseil du transporteur texan BNSF Railway, Matt Rose, rapportés dans une dépêche de l'agence Reuters, la fusion menacerait la survie du transporteur ferroviaire CSX, de la Floride.

CSX a dit s'opposer à toute fusion, tandis que le chef de la direction de Union Pacific, Lance Fritz, a indiqué que son entreprise travaillait en arrière-scène pour s'assurer qu'aucune fusion ne voit le jour.

Même si le Canadien Pacifique juge que ses concurrents ont de bonnes raisons de s'inquiéter d'une fusion, «la peur de la concurrence ne justifie pas l'action concertée des concurrents».

Le CP dit croire que la stratégie des chemins de fer américains est vraisemblablement illégale parce qu'elle est anticoncurrentielle et qu'elle se compare à un boycott de groupe.

CSX a refusé de commenter la situation, mais Union Pacific et BNSF ont défendu leurs actions.

«Nous avons communiqué avec d'autres chemins de fer dans le but de déposer une pétition auprès du gouvernement», a indiqué le porte-parole de Union Pacific, Aaron Hunt, dans un courriel. «Nous nous opposons à cette fusion et nous sommes prêts à discuter de notre point de vue avec le gouvernement.»

Le porte-parolde de BNSF, Michael Trevino, a pour sa part indiqué que toutes les actions et tous les commentaires de son entreprise avaient été réalisés à la suite de consultations avec ses avocats et qu'ils avaient été faits dans le respect de la loi.

Le département américain de la Justice n'a pas voulu commenter au sujet de la lettre du Canadien Pacifique et n'a pas voulu dire s'il allait ouvrir une enquête.