L'annonce de l'investissement de 1,5 milliard US de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans Bombardier Transport a poussé la Banque Scotia à lancer la serviette au sujet du fabricant de la CSeries. La Scotia a recommandé à ses clients de larguer le titre vendredi matin et a abaissé son cours cible de 33 % pour le faire passer à 1 $.

C'est dorénavant le cours cible le plus faible parmi la vingtaine d'analystes qui suivent les activités quotidiennes de Bombardier. Turan Quettawala devient par ailleurs le deuxième analyste seulement à suggérer la vente du titre.

« La réaction des marchés jeudi à cet investissement de la Caisse n'escompte pas de manière adéquate la réduction d'évaluation accordée à Bombardier Transport », souligne Turan Quettawala.

L'analyste ajoute que l'argent (de la Caisse de dépôt) ne servira pas à diminuer le niveau d'endettement de Bombardier, mais sera plutôt utilisé pour terminer les programmes en cours dans le secteur aéronautique. « De ce fait, toute amélioration du bilan financier et de la valeur d'entreprise continuera de dépendre du succès de la CSeries, un projet dont la viabilité est très discutable. »

Vendredi vers 13 h 30, le titre de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD-B'|]] se négociait à 1,24 $, en baisse de 4 cents. Jeudi, le titre était demeuré stable.

Le palmarès

Les syndiqués de l'usine de Bombardier à La Pocatière accueillent avec un soupir de soulagement l'investissement de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) dans la division transport de la multinationale.

Au lendemain de la transaction, leur président, Mario Guignard, a estimé vendredi que cela mettait fin aux nombreuses questions quant à l'avenir des activités de fabrication de matériel roulant.

Plusieurs employés se demandaient entre autres qui auraient été les acheteurs des actions dans l'éventualité d'une entrée partielle en Bourse en Allemagne de Bombardier Transport - un scénario qui était envisagé depuis quelques mois.

« Il y avait aussi des craintes de voir des sociétés chinoises acheter une partie ou la totalité de la division transport, a expliqué M. Guignard, au cours d'un entretien téléphonique. C'est une raison de plus d'apprécier l'arrivée de la Caisse. »

Dans le cadre de l'entente, la CDPQ investira 1,5 milliard de dollars US en échange d'une participation de 30 % dans une nouvelle entité - BT Holdco - qui chapeautera tous les actifs de Bombardier Transport.

Le siège social de cette division demeurera à Berlin, en Allemagne, mais l'implication de l'investisseur permettra, selon M. Guignard, de s'assurer que l'entreprise demeure sensible à la cause de La Pocatière.

Quelque 170 syndiqués travaillent actuellement à l'usine située dans le Bas-Saint-Laurent, qui traverse une période de mises à pied partielles puisque certains contrats arrivent à échéance.

Cela est bien loin des années où plusieurs centaines de travailleurs y oeuvraient, avant l'entrée en vigueur de lois privilégiant l'achat local aux États-Unis.

« Il y a moins de contrats américains chez nous à cause de cela, a rappelé M. Guignard. Nous pouvons toujours fabriquer des pièces, et on espère que Bombardier développe une stratégie autour de cela. Je pense que la CDPQ peut apporter du positif. »

Entre-temps, la direction de Bombardier s'est montrée rassurante à l'endroit de ses employés, dans une note interne qu'a pu consulter La Presse Canadienne, en assurant que la transaction n'entraînerait pas de changements majeurs dans les activités quotidiennes.

Présenté comme une « foire aux questions », le document de quatre pages se penche notamment sur le sujet des réductions de personnel.

« Nous n'avons aucune annonce à faire relativement aux effectifs et il n'y a aucun plan de modification des équipes à ce stade-ci », peut-on lire.

L'entreprise précise aussi que les employés de Bombardier Transport ont également un régime de retraite qui est distinct de celui du reste de la société mère, ajoutant que la transaction n'aura « aucune incidence sur les prestations prévues ».

- La Presse Canadienne