Les analystes n'ont pas ménagé la haute direction de Bombardier hier lors de la téléconférence sur les résultats trimestriels, ce qui en dit long sur l'état d'esprit de la communauté financière.

Des questions plus acerbres

Ronald Epstein, de Bank of America Merrill Lynch, a été un des premiers à s'adresser au PDG de Bombardier, Alain Bellemarre, hier matin. Ses questions traduisaient un certain agacement. 

« Vous venez de dévoiler une perte presque deux fois plus importante que la capitalisation boursière de l'entreprise. Comment peut-on en être arrivé là ? Comment est-il possible que les choses soient aussi mauvaises ? Comment les investisseurs peuvent-ils être confiants de ne plus jamais revivre ça alors que le conseil d'administration est le même qui a laissé la situation devenir ce qu'elle est aujourd'hui ? »

Des résultats pires que prévu

« La performance trimestrielle est pire qu'anticipée. Les résultats sont sensiblement plus faibles dans les deux divisions clés [aéronautique et transport], qui comptent pour 80 % des revenus, note Fadi Chamoun, de la BMO. Bombardier a utilisé plus de quatre fois plus de flux de trésorerie [816 millions] au troisième trimestre que les 186 millions auxquels je m'attendais. 

« Les 2,4 milliards de dollars utilisés jusqu'ici cette année font en sorte que l'entreprise a consommé l'intégralité des milliards en produits nets obtenus de l'émission de titres effectuée plus tôt cette année. »

Repli en bourse

« Étant donné que les investisseurs avaient précédemment escompté l'investissement fait par Québec et une charge de dépréciation potentielle dans la division aéronautique suite à la parution d'articles dans les médias la veille, les facteurs susceptibles de faire bouger le cours boursier à très court terme [hier] étaient les faibles résultats financiers présentés par Bombardier », dit Tim James, de la TD.

Perspectives

Tim James, de la TD, se montre prudent face aux perspectives financières de Bombardier en raison des marges bénéficiaires déprimées dans les secteurs des transports et des jets d'affaires et du peu de commandes dans le segment de l'aviation commerciale. « Je pense aussi que la mise en production de la C Series ainsi que des appareils Global 7000 et 8000 limitera la croissance des profits par action. »

Sur le partenariat avec Québec

Fadi Chamoun, de la BMO, juge que l'injection de liquidités de la part du gouvernement québécois aide, mais ne résout pas pleinement les problèmes de liquidités et l'imposant fardeau financier que doit supporter l'entreprise. « La compagnie devra encore vendre des actifs pour financer ses obligations des prochaines années. » Son collègue Benoit Poirier, chez Desjardins Valeurs mobilières, pense de son côté que l'investissement du gouvernement du Québec dans la C Series devrait assurer la viabilité à long terme du programme de la C Series chez Bombardier.