Airbus a comblé vendredi les attentes des compagnies aériennes en annonçant l'augmentation de la cadence de production de l'A320, face à la «hausse ininterrompue de la demande» pour son best-seller, un défi industriel destiné à préserver ses parts du marché des avions moyen-courriers.

«La bonne santé du marché de l'aviation commerciale, la robustesse de notre carnet de commandes et les capacités de notre chaîne d'approvisionnement nous permettent d'augmenter la cadence de production des avions-monocouloirs à 60 exemplaires par mois mi-2019», a annoncé Tom Enders, le président exécutif du groupe, à l'occasion de la publication des résultats du groupe.

Selon Airbus, il s'agit de répondre à une «hausse ininterrompue de la demande pour sa famille de monocouloirs leaders dans le monde», dont plus de 12 000 appareils ont été commandés dans le monde à ce jour.

L'enjeu pour l'avionneur européen est de gérer son carnet de commandes, qui représente 7 à 8 années de production, et de préserver ses parts sur un marché des moyen-courriers qu'il domine devant son concurrent américain Boeing.

L'A320, qui est en concurrence avec le 737 de Boeing, est produit à une cadence de 42 exemplaires par mois actuellement. Airbus avait déjà indiqué au début de l'année qu'il visait une production mensuelle de 50 A320 à compter du premier trimestre 2017, et même évoqué le chiffre de 63 avant le salon du Bourget.

Une telle montée en cadence représente un défi industriel, d'autant qu'elle s'effectue en parallèle de la transition vers l'A320neo, la version remotorisée de son monocouloir, dont les premières livraisons sont prévues d'ici à la fin de l'année. Avec plus de 4300 commandes d'A320neo, l'appareil détient d'ores et déjà 58% du marché.

Il s'agit rien de moins que de parvenir à «la cadence de production la plus élevée jamais atteinte dans l'histoire de l'aviation civile», a ainsi souligné Didier Evrard, directeur des programmes d'Airbus.

Pour l'avionneur européen, l'enjeu est de s'assurer de la solidité de sa chaîne d'approvisionnement et de sa capacité à suivre cette montée en cadence.

Industrie sous tension

«La priorité est de livrer un avion mature et sécuriser son industrialisation» tout en restant «extrêmement attentif» à la montée en cadence des différents programmes, dont celui de l'A320neo, a-t-il résumé.

Le tout dans un contexte de tension dans l'ensemble de l'industrie, alors que les montées en cadence se retrouvent sur plusieurs programmes, y compris long-courrier, aussi bien chez Airbus que son concurrent Boeing.

L'avionneur de Seattle prévoit en effet lui aussi de passer la production de son 737 de 42 appareils produits par mois aujourd'hui à 47 en 2017 et 52 en 2018.

«Pour permettre cette augmentation de cadence, Airbus étendra la capacité de la chaîne d'assemblage de Hambourg en créant une ligne de production supplémentaire», indique l'européen, dont le monocouloir est désormais produit sur quatre sites dans le monde: Toulouse, Hambourg, Tianjin (Chine) et depuis peu aux États-Unis, à Mobile (Alabama).

Dans le même temps, il intègrera les activités d'aménagement de cabine des A320 produits à Toulouse sur la chaîne d'assemblage final, afin d'harmoniser à l'échelle mondiale le processus de production.

L'avionneur n'a en revanche pas donné d'indication quant aux motoristes qui l'accompagneront dans cette montée en cadence, que ce soit Safran et General Electric au sein de leur coentreprise CFM International ou son concurrent Pratt & Withney.

Le patron de Safran, Philippe Petitcolin, qui avait refusé jusque-là d'aller au-delà des engagements déjà pris par son groupe, a semblé lâcher du lest la semaine dernière. «Nous continuons de travailler avec Boeing et avec Airbus», a-t-il déclaré. «Nous essayons de trouver une issue favorable qui leur permette à eux de pouvoir répondre favorablement à la demande de leur marché», a-t-il ajouté alors que son groupe doit lui-même réussir la montée en cadence du moteur Leap, destiné aux A320neo et aux 737MAX.