Le projet de la C Series continue de plomber l'avenir de Bombardier. Pour sauver le joyau de l'avionnerie québécoise, le gouvernement Couillard va annoncer demain une assistance financière destinée au géant déchu.

_______

AJOUT mercredi 17h00 : 

L'action du groupe canadien Bombardier a bondi mercredi en Bourse à la suite d'informations sur une possible aide financière du gouvernement provincial du Québec. L'action a gagné 11% à 1,61 dollar canadien (1,11 euro) à la Bourse de Toronto mais restait cependant sur des plus bas historiques depuis plus de 20 ans. (Agence France-Presse)

_______

Selon les informations obtenues par La Presse, Québec a choisi d'intervenir au moment où la firme s'apprête à communiquer des résultats bien sombres pour son troisième trimestre. Déjà, le constructeur a fait savoir qu'il ne répondrait pas aux questions des journalistes lors de la divulgation de ses chiffres.

Depuis un bon moment, Bombardier est en pourparlers avec Québec, des échanges qui passent par le ministre de l'Économie, Jacques Daoust. Dans l'entourage de M. Daoust, on se refusait à tout commentaire, hier, mais d'autres stratèges du gouvernement Couillard étaient plus catégoriques: le Québec «ne laissera jamais tomber Bombardier». L'entreprise compte 74 000 employés dans le monde.

On ne sait pas si Québec prendra du capital-actions, le type d'intervention que privilégie le gouvernement libéral, ou s'il se contentera d'offrir des garanties financières à l'industrie, dont l'action aura perdu 95% de sa valeur depuis son niveau record de septembre 2000. On ne sait pas davantage s'il recourra à Investissement Québec. La Caisse de dépôt et placement du Québec est toujours un actionnaire de premier plan de Bombardier et elle pourrait elle aussi venir à la rescousse.

Les retards de la C Series

C'est en 2008 que Bombardier avait lancé le programme de la C Series, gamme d'appareils de 110 à 160 places qui devait susciter l'engouement des acheteurs en raison des économies de carburant qu'elle promettait d'offrir.

Mais depuis que la mise en service a été reportée à de nombreuses reprises, les commandes se sont évanouies. Même Air Canada, la compagnie nationale, s'est tournée vers le concurrent brésilien Embraer pour ses petits appareils.

Avec 1,8 milliard de capitalisation prévu pour l'an prochain, la société est bien en deçà de son rythme habituel. Elle disposait de 2,9 milliards en 2015 et de 2,4 milliards en 2014.

Au cours des derniers mois, les rumeurs les plus étonnantes ont circulé sur la stratégie de Bombardier. L'allemande Siemens devait acheter la division ferroviaire, puis la rumeur a voulu que les Chinois soient tentés de prendre le relais. La C Series, a-t-on dit, intéresse Airbus et même le concurrent de la première heure, Embraer, autant de scénarios qui se sont envolés en fumée.

L'entreprise fait tout de même 20 milliards US de revenus, essentiellement grâce à sa division ferroviaire. La faveur boursière était passée à 6,2 milliards CAN.