Près de deux semaines après le début de la grève des officiers mécaniciens et de navigation de la Société des traversiers, le syndicat des Métallos et la partie patronale pourraient revenir prochainement à la table de négociations.

En entrevue à La Presse Canadienne, le directeur québécois des Métallos, Daniel Roy, a dit que les négociations reprendraient « sous peu », sans toutefois donner davantage de détails.

Vendredi, le président du Conseil du trésor Martin Coiteux a prévenu que la patience du gouvernement « avait ses limites » et que la prochaine semaine serait « déterminante ».

Bien qu'il souhaite un règlement négocié du conflit de travail, M. Coiteux a soutenu que le gouvernement ne pouvait tolérer que « la population soit [indéfiniment] prise en otage ».

À mots couverts, il a évoqué la possibilité de présenter une loi spéciale « lorsque sa limite sera atteinte ».

L'idée d'imposer une loi spéciale est catégoriquement rejetée par le directeur québécois des Métallos. Au terme d'un vote tenu sur plusieurs jours, les employés de la Société des traversiers ont rejeté à 91 % les propositions patronales et 78 % ont choisi de continuer leurs moyens de pression, selon le syndicat des Métallos.

« C'est le discours de ce gouvernement-là. C'est le discours de M. Coiteux. Mais, écoutez, un rejet des offres patronales à 91 %... me semble qu'être le ministre je me dirais qu'il y a quelque chose-là », a dit M. Roy.

Le directeur québécois des Métallos a rappelé qu'il avait un droit de grève et qu'il s'agissait d'une grève légale, selon la Loi des services essentiels.

Pendant ce temps, le service demeure interrompu pour les traverses Québec-Lévis et Sorel-Saint-Ignace-de-Loyola.

En tout, ce sont cinq services qui sont perturbés dans la province depuis le déclenchement de cette grève le 13 octobre.

C'est une réduction du pouvoir d'achat des travailleurs au Québec. Ils sont les moins bien rémunérés à travers le Canada, petite ou grande traversée confondues, selon le directeur québécois des Métallos. Sans nécessairement demander les mêmes salaires qu'ailleurs au Canada, le représentant syndical souhaite une amélioration des conditions de ses travailleurs.

Samedi matin, Daniel Roy en avait encore gros sur le coeur au sujet de l'intervention du maire de Québec, Régis Labeaume, plus tôt cette semaine. Le premier magistrat envisageait de recourir aux tribunaux si le conflit se poursuit en raison des conséquences économiques.

« Le maire de Québec s'est pas mal essuyé les pieds sur nous autres la semaine passée, a lancé M. Roy. La règle en temps plein moment de consultations des membres : le silence est d'or. Le maire Labeaume ne l'a pas appliqué. Et je peux vous dire qu'à Matane et à Tadoussac, le maire Labeaume ça leur passe dix pieds par-dessus la tête. [...] Il a manqué de prudence ».

Régis Labeaume souhaitait contacter les maires des municipalités concernées et tenir une rencontre dès la semaine à venir.

Des maires ont signalé leur intention de déposer une requête à la Commission des relations de travail pour que le service soit considéré comme étant « essentiel ».

Malgré certaines inquiétudes et critiques exprimées par certains maires et citoyens, Daniel Roy est confiant d'avoir l'appui d'une partie des gens touchés.

« En région, je n'en doute pas, la population est avec les travailleurs. Il y a des places que la population est moins là, j'en conviens, mais je leur demande de réfléchir et de mettre la pression au bon endroit, c'est-à-dire sur leur maire, le Conseil du trésor et sur la Société des traversiers, pas sur les travailleurs qui tentent de négocier leurs conditions de travail pour les cinq prochaines années, et de penser un peu aux travailleurs qui font partie eux aussi de la population », a conclu M. Roy.