La compagnie américaine United Airlines a débuté un «nouveau chapitre» de sa jeune histoire mardi en annonçant le départ surprise de son PDG Jeffery Smisek en pleine enquête sur des soupçons de conflits d'intérêts avec l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey.

M. Smisek, 61 ans, dirigeait le groupe depuis 2010. Il abandonne toutes ses fonctions - PDG et membre du conseil d'administration - avec effet immédiat, précise la compagnie aérienne dans un communiqué.

Il sera remplacé par Oscar Munoz, 56 ans, qui va occuper le poste de directeur général. Cet ancien patron du groupe ferroviaire américain CSX Corporation était membre du conseil d'administration d'United.

«C'est un nouveau chapitre qui s'ouvre», a déclaré M. Munoz, qui a promis de continuer à améliorer les résultats de l'entreprise.

Deux autres hauts responsables de l'entreprise s'en vont également.

«Vol du président»

«Les départs annoncés aujourd'hui sont en lien avec une enquête interne révélée précédemment, laquelle elle-même est liée à une investigation associée à l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey», explique United.

L'enquête interne se poursuit. La compagnie aérienne assure en outre coopérer avec les autorités dans le cadre de leurs enquêtes.

Les autorités américaines s'interrogent sur les liens entre United Airlines et David Samson, l'ancien patron de l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey, qui gère les aéroports de la région de New York, comme JFK, LaGuardia et celui de Newark (New Jersey). M. Samson a quitté son poste en 2014.

Les enquêteurs soupçonnent United d'avoir accordé des avantages à M. Samson en échange de contreparties.

Est particulièrement visé un vol qu'assurait jusqu'à mars 2014 United entre Newark et Columbia, une ville située à moins d'une centaine de kilomètres d'une maison de l'épouse de David Samson, selon la presse locale.

Ce vol hebdomadaire était surnommé «vol du président» par M. Samson, affirme encore la même presse. United a suspendu ce vol quelques jours après le départ de M. Samson de l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey.

La compagnie s'est refusée à commenter ces informations au cours d'une conférence de presse organisée en urgence jeudi, préférant se réfugier derrière le secret de l'enquête en cours.

Devant les craintes des marchés et des actionnaires, United a assuré que son enquête interne n'avait pas pour l'instant détecté de malversations comptables et financières.

Le transporteur aérien a aussi assuré qu'il n'était pas encore en mesure d'estimer les conséquences financières de l'enquête fédérale.

«À ce jour, il n'y a aucune indication qu'il y ait un impact matériel sur les comptes», ont assuré des responsables du groupe de Chicago.

L'action United Continental perdait 1,72% à 56,52 dollars vers 18h05 dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York.

United Continental est née en mai 2010 de la fusion entre United Airlines et Continental. Elle est la deuxième compagnie aérienne américaine par revenus derrière American Airlines, mais devant Delta Air Lines.

Après de premières années difficiles, le mariage a commencé à produire ses fruits. Au deuxième trimestre, United a dégagé un bénéfice net de 1,2 milliard de dollars, en hausse de 51%.

La compagnie reste confrontée à des bugs. Début juillet, l'ensemble de ses vols avait été cloués au sol pendant plus d'une heure en raison de problèmes d'automatisation.

United, qui dessert 235 destinations aux États-Unis et 138 dans le monde, a connu brièvement mardi de nouveaux problèmes informatiques.