La colère gronde sur le tarmac de l'aéroport Montréal-Trudeau où les employés chargés de l'avitaillement des avions disent travailler sous pression et dans des conditions non sécuritaires, a appris La Presse Affaires.

«Il ne faudrait pas attendre qu'un accident se produise parce que les employés qui remplissent les réservoirs avec du carburant manquent de concentration pour effectuer ces tâches à haut risque», dénonce le coordonnateur de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs en aérospatiale (AIMTA), David Chartrand.

Le manque d'organisation du travail serait en outre responsable, selon lui, de «nombreux retards» sur des vols intérieurs et internationaux.

D'après le syndicat, la situation a dégénéré depuis le début du mois de juillet, au moment où le consortium canadien des transporteurs aériens (dont fait partie Air Canada) s'est tourné vers un nouveau fournisseur en carburant, Swissport, pour réduire ses coûts. Jusque-là, ce contrat était assuré par la firme américaine CAFAS.

Salaires coupés

Swissport a ramené les salaires de 19$ à 20$ l'heure à 12,50$ et fermé la porte au syndicat. Résultat: à peine 20 des 80 employés ont accepté les conditions de leur nouvel employeur.

Pour pourvoir les postes vacants, l'avitailleur a dû embaucher des employés sans expérience et ne disposant pas des autorisations pour circuler sur le tarmac.

«On ne sait plus où donner de la tête et il nous arrive de commettre des erreurs d'inattention», confesse un employé, sous le couvert de l'anonymat, de crainte de perdre son emploi.

«On nous demande de superviser le travail des nouveaux venus, qui n'ont jamais manipulé de tels équipements. Remplir le réservoir d'un avion, ce n'est pas comme faire le plein d'essence d'une auto. Il y a une marche à suivre.»

Une transition en douceur, dit Air Canada

Il faut rappeler qu'à la mi-juin, l'Association internationale des machinistes avait sonné l'alarme et s'était dite fort préoccupée pour l'avenir de 300 préposés à l'avitaillement et des superviseurs - 80 à Montréal-Trudeau et 220 à Pearson, à Toronto - en raison des «choix économiques» du consortium des compagnies aériennes. Le NPD avait, de son côté, critiqué l'attitude de laissez-faire du gouvernement Harper dans ce dossier.

La direction d'Air Canada maintient plutôt que «dans l'ensemble, la transition à Swissport s'est faite en douceur, sans retard important attribuable à l'avitaillement sur une base quotidienne».

«Bien que certaines difficultés initiales soient envisageables avec le passage à n'importe quel fournisseur touchant l'exploitation, seuls quelques jours ont connu une augmentation du nombre de retards depuis le 1er juillet, et nous avons travaillé de concert avec Swissport afin d'assurer une exploitation sans heurt et de façon continue», a indiqué par courriel le porte-parole d'Air Canada, John Reber.

Swissport, à Dorval, n'a pas rappelé La Presse Affaires.