La chaudière bout chez Bombardier Transport, et les investisseurs se réjouissent déjà de ce qui s'amène sur les rails. Quelle que soit l'hypothèse considérée, cela se conclurait par un renforcement de la filiale ferroviaire avec quelques milliards à la clé pour la société mère qui en a bien besoin pour soutenir les projets aériens de son autre division.

Le Wall Street Journal rapportait hier que Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] et la multinationale allemande Siemens poursuivaient des pourparlers préliminaires en vue de la fusion de leurs activités ferroviaires. L'opération se conclurait par l'entrée en Bourse d'un groupe puissant d'ici la fin de l'année, selon l'influent quotidien financier qui cite des sources anonymes.

«Un accord est loin d'être garanti», posait toutefois le WSJ en après-titre. La porte-parole de Bombardier, Isabelle Rondeau, a d'ailleurs réfuté l'information, sans plus de commentaires, hier, tandis que Siemens a fait savoir à La Presse Canadienne qu'elle ne commentait pas les rumeurs.

L'entreprise montréalaise est en fait tenue à la plus grande discrétion à la veille de la publication de ses résultats financiers du deuxième trimestre, chiffres chaudement attendus ce matin. «Ce sera bien difficile pour eux d'éviter d'en parler, jeudi [aujourd'hui]», suppute l'analyste George Ferguson, de Bloomberg Intelligence.

Bombardier poursuit parallèlement les démarches en vue d'un premier appel public à l'épargne et l'introduction en Bourse de sa filiale d'équipements ferroviaires, ajoute le WSJ. Le nouveau président, Alain Bellemarre, avait annoncé à la dernière assemblée annuelle des actionnaires que la filiale Transport, dont le siège est à Berlin, ferait son entrée à la Bourse de Francfort cette année, tout en précisant que le groupe entendait conserver une participation majoritaire.

Ils y croient

Quoi qu'il advienne de Bombardier Transport, l'un des plus grands fournisseurs de matériel roulant du monde, les investisseurs semblent réjouis. Les actions de la société mère, en déroute depuis le début de l'année, ont rebondi de plus de 7%, à 1,95$, à la Bourse de Toronto hier. Le gain sur cinq séances est de 15%.

«Dans l'ensemble, nous considérons l'article [du WSJ] positif, car il révèle un intérêt important pour les actifs de Bombardier Transport dont la valeur va probablement augmenter si Bombardier décide de vendre la division ou d'en introduire une partie à la Bourse», souligne l'analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins.

L'expert croit que Bombardier, quoi qu'elle en dise, pourrait céder ces avoirs «si une offre intéressante se présente qui pourrait réduire son niveau d'endettement et donner une impulsion à son évaluation boursière». L'analyste estime la valeur de la division Transport à au moins 5,4 milliards de dollars, soit l'équivalent de 2,43$ par action de Bombardier, ce qui est bien au-dessus de son cours boursier actuel.

Fadi Chamoun, de BMO Marchés des capitaux, rappelle que la récente fusion des fabricants chinois de matériel ferroviaire CNR et CSR a créé un gros concurrent pour Bombardier et Siemens. L'analyste croit qu'en plus d'être stratégique, Bombardier pourrait chercher à se renflouer financièrement en se rapprochant de ses compétiteurs européens. Selon ses calculs, le constructeur de la CSeries pourrait être à court de fonds en 2017. Une vente partielle de la division Transport aiderait de même à faire le pont durant ce cycle critique d'investissements.

«Sa valeur nette passe à la chasse d'eau à cause de la division aéronautique», commente pour sa part l'analyste de Bloomberg. Selon George Ferguson, l'entreprise montréalaise est intéressée par «tout développement lui permettant de mieux paraître».

La recommandation

Le secteur des équipements ferroviaires n'est pas très chaud en Bourse. Alstom, Ansaldo et Siemens obtiennent une cote d'amour moyenne de 3,6 seulement auprès des analystes financiers, suivant l'échelle Bloomberg, 1 étant un rejet et 5 évoquant presque la passion. Avec la concurrence chinoise et la maturité du marché, les marges bénéficiaires pour les wagons et locomotives sont deux fois plus serrées que pour les autres produits industriels européens, selon Bloomberg. Pour sa part, le groupe Bombardier a une note de 3,3 avec 6 acheteurs, comparativement à 3 vendeurs et 12 qui conservent.