Les analystes qui suivent Bombardier (T.BBD.B) ne s'entendent pas sur le prix cible de l'action de l'entreprise, mais ils espèrent tous la même chose: davantage d'informations sur les projets de la direction.

Bombardier divulguera ses résultats du deuxième trimestre jeudi.

«Il est peu probable que les résultats eux-mêmes jouent un rôle de catalyseurs, indique l'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale. Nous croyons que la priorité de la direction, lors de la divulgation des résultats, devrait être de faire preuve de transparence en ce qui concerne les initiatives stratégiques à long terme de l'entreprise, les activités potentielles de restructuration et les perspectives à proche et à long terme en fait de liquidités.»

L'analyste Fadi Chamoun, de Marchés des capitaux BMO, déplore lui aussi le manque de transparence actuel.

«Nous croyons que le marché a besoin d'informations sur la stratégie de l'entreprise pour restaurer les marges dans les divisions des avions d'affaires et du transport, et sur quand et comment l'entreprise bénéficiera à nouveau de flux de trésorerie positifs, affirme-t-il. Le marché a surtout besoin d'une stratégie viable qui vise les défis significatifs qu'affronte la division des avions commerciaux.»

M. Chamoun se montre toutefois confiant de voir la nouvelle direction exposer un jour ou l'autre la voie qu'elle entend suivre.

Les coûts de développement

De son côté, l'analyste Walter Spracklin, de Marché des capitaux RBC, aimerait en savoir plus sur les coûts de développement de la CSeries en 2015 et sur le développement des avions d'affaires Global 7000 et Global 8000.

«Bien qu'un délai soit anticipé, il s'agit de connaître son ampleur et de savoir quels investissements sont encore nécessaires, indique-t-il dans un rapport d'analyse. En outre, nous aimerions avoir plus d'informations sur l'appel public à l'épargne potentiel pour une portion de Bombardier Transport.»

M. Spracklin diffère sérieusement des autres analystes en ce qui a trait au prix cible du titre de Bombardier. Alors que le consensus tourne autour de 2,59$ et que certains analystes, comme Fadi Chamoun, vont aussi bas que 1,80$, M. Spracklin entrevoit un prix cible de 3,50$.

«Bien qu'on puisse spéculer sur la sévérité des risques à long terme, nous prévoyons des développements positifs progressifs à court terme, écrit l'analyste de Marché des capitaux RBC. Bien sûr, les investisseurs deviendront de plus en plus impatients. Néanmoins, la nouvelle équipe de direction est sur le point de réaliser des changements opérationnels et le développement de la CSeries continue à progresser.»

Fadi Chamoun s'attend plutôt à ce que les résultats financiers de Bombardier se détériorent de façon significative dans l'année qui vient en raison des coûts associés à la CSeries, de la réduction de la cadence de production des avions Global et d'une contribution plus modeste de Bombardier Transport en raison de la faiblesse de l'euro vis-à-vis la devise américaine.

Conserver l'action

Selon Bloomberg, sur les 21 analystes qui suivent Bombardier, 6 recommandent l'achat de l'action, 12 suggèrent de la conserver et 3 recommandent de la vendre.

Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, préconise de conserver le titre. Il relie la faiblesse actuelle du titre de Bombardier aux défis de la famille Global, au manque de commandes pour la CSeries, aux liquidités limitées de Bombardier et à une restructuration majeure chez Bombardier Aéronautique.

«Bien que le résultat sera probablement positif pour Bombardier, l'incertitude continue à peser sur les investisseurs», écrit-il au sujet de cette restructuration.

Il note toutefois que d'autres éléments sont positifs pour Bombardier, comme le programme d'essais de la CSeries qui progresse bien, la faiblesse de la devise américaine, la formation d'une nouvelle équipe de direction et l'éventuel appel public à l'épargne pour une portion de Bombardier Transport.

«Pour les investisseurs qui n'ont pas peur du risque, le prix actuel du titre peut constituer une porte d'entrée attrayante, surtout s'ils croient (comme nous) que l'entreprise a suffisamment de ressources financières et qu'il y a de la valeur dans les activités aéronautiques», affirme Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale.

LA BONNE NOUVELLE

Bombardier Transport a remporté un contrat de 403 millions de dollars canadiens, d'une durée de 30 ans, pour la maintenance de la nouvelle ligne de tramway Eglinton Crosstown, à Toronto. Bombardier avait décroché en 2009 un contrat pour la construction de 204 tramways Flexity pour la Ville de Toronto. Un an plus tard, l'agence de transport de Toronto, Metrolinx, avait commandé 182 voitures additionnelles en vue de l'expansion de son réseau. Bombardier construit ces tramways à son usine de Thunder Bay.

LA MAUVAISE NOUVELLE

L'un des principaux clients de la CSeries, Republic Airways, a fait savoir vendredi qu'il pourrait devoir réduire la taille de sa flotte actuelle parce qu'il n'a pas suffisamment de pilotes pour assurer les liaisons qu'il exploite pour American Airlines, United Continental et Delta Air Lines. Republic attribue cette pénurie de pilotes à des règles gouvernementales plus sévères et à un conflit de travail. L'action de Republic a perdu plus de la moitié de sa valeur à la Bourse NASDAQ hier, pour clôturer à 3,77$ US.