Le constructeur d'hélicoptères Sikorsky, qui produit les célèbres Black Hawk et le Marine One de la Maison-Blanche, va être vendu pour 9 milliards de dollars sur fond réduction du budget militaire américain.

Après des mois de réflexion et quelques semaines de négociations, le conglomérat industriel américain United Technologies [[|ticker sym='UTX'|]] a annoncé lundi qu'il se séparait de sa filiale Sikorsky aux bénéfices en déclin.

Connu aussi pour les hélicoptères militaires Sea Hawk, Sikorsky va devenir la propriété du groupe d'aéronautique et de défense américain Lockheed Martin au plus tard au premier trimestre 2016.

Ce dernier, qui réalise au passage sa plus grosse prise depuis l'acquisition de Martin Marietta Corporation en 1995, l'a emporté face à son compatriote Textron.

«L'acquisition de Sikorsky par Lockheed Martin (...) est un gage que l'entreprise va rester un leader en termes de technologies», a commenté le directeur général d'UTC Gregory Hayes.

Le fabricant d'hélicoptères de Stratford (Connecticut, est) est confronté depuis plusieurs mois à une situation difficile liée notamment à son positionnement stratégique.

Il a une clientèle essentiellement militaire, en l'occurrence le Pentagone (ministère de la Défense américain) qui lui a octroyé, lors des cinq dernières années, plus de 42% du budget alloué aux programmes d'hélicoptères.

En 2014, 52% des ventes de Sikorsky provenaient ainsi du Pentagone et 20% seulement des clients militaires internationaux.

Or l'armée américaine a vu ses budgets baisser ces dernières années du fait du désengagement des États-Unis sur plusieurs fronts militaires.

Remplacer le Black Hawk

Et surtout, le ministère américain a amorcé le processus de remplacement de l'hélicoptère polyvalent Black Hawk, qui a fait la prospérité de Sikorsky. Ce marché représenterait une centaine de milliards de dollars.

Pour le garder, Sikorsky travaille avec l'avionneur Boeing sur un successeur attendu d'ici 2030 mais il fait face à la concurrence du groupe texan Bell Helicopter.

Face à ses rivaux Russia Helicopters, Boeing et Airbus, Sikorsky domine un marché militaire à la croissance au ralenti et aux coûts élevés liés au développement de nouveaux appareils et de leur déploiement à grande échelle.

Le groupe est en revanche peu présent sur le marché des hélicoptères civils dont il possède une faible part de marché - environ 7% en unités livrées.

Ce segment, dominé par Airbus Helicopters, Bell, AgustaWestland, est celui qui est appelé à croître dans les prochaines années après la chute des prix du pétrole.

En 2014, le civil représentait seulement 28% des 7,5 milliards de dollars de ventes (+19% sur un an) de Sikorsky dont le bénéfice opérationnel avait été divisé par plus de deux.

Souhaitant se concentrer sur la livraison de systèmes de haute technologie et des services à l'aéronautique et à l'industrie du bâtiment, UTC, qui fabrique aussi les ascenseurs Otis et les moteurs d'avions Pratt & Whitney, était partagé sur l'avenir de Sikorsky.

Cette indécision était due au caractère symbolique du fabricant, pionnier dans son secteur et partie intégrante d'UTC depuis 1929.

Elle a fait naître des tensions entre les deux hommes forts du groupe, l'ancien PDG, Louis Chênevert, et l'actuel patron, Gregory Hayes. Ce dernier était partisan d'une cession, une position renforcée par le poids de Sikorsky dans le chiffre d'affaires comparé aux autres activités.

Les revenus générés par les moteurs d'avion étaient par exemple de 14,5 milliards de dollars en 2014, soit le double des hélicoptères.

Pour Lockheed Martin c'est le retour par la grande porte dans le monde de l'hélicoptère auquel il s'était essayé sans succès dans les années 1960 avec le programme AH-56 Cheyenne, qui sera annulé neuf ans plus tard pour non-respect du cahier des charges.

Depuis, le groupe effectuait la navalisation de modèles Sikorsky et des Westland Merlin.