VIA Rail est sur le point de lancer un vaste programme de renouvellement de sa flotte de voitures dans le corridor Montréal-Ottawa-Toronto, un projet de 600 à 800 millions de dollars.

Le président et chef de la direction de VIA Rail, Yves Desjardins-Siciliano, a présenté hier à l'Institut pour le partenariat public-privé son projet de voies dédiées dans le corridor Montréal-Ottawa-Toronto. Il a toutefois fait savoir qu'il ne pouvait pas attendre la réalisation de ce projet avant de procéder au renouvellement d'une partie de la flotte de ce corridor, soit de 150 à 200 voitures.

« La négociation d'un partenariat public-privé peut prendre de 18 à 24 mois, a-t-il expliqué à La Presse Affaires après son allocution. Je ne peux pas me permettre d'attendre avant d'identifier la source de renouvellement de la flotte. Acheter des trains, ce n'est pas comme acheter des gâteaux chez Costco. Ils ne sont pas sur la tablette. Il faut les commander et ça prend un certain temps pour la livraison. »

Il a expliqué qu'une partie du matériel roulant de VIA approchait de la fin de sa vie utile. Certaines voitures remontent à 1954, d'autres aux années 70.

« Dans sept à dix ans, il faudra commencer à mettre à la retraite une partie de la flotte, a-t-il précisé. Le temps de commande et de livraison peut prendre entre cinq et sept ans. Il faut donc que le gouvernement prenne une décision sur le financement du renouvellement d'une partie de la flotte d'ici deux à trois ans. »

VIA Rail proposera donc ce projet au gouvernement fédéral dans son plan d'affaires 2016.

M. Desjardins-Siciliano a indiqué que VIA Rail n'avait pas encore commencé à discuter de ce projet avec les constructeurs de matériel roulant.

En vertu de son statut de « société d'État non mandataire », VIA Rail n'est pas soumise aux règles prévues dans les ententes internationales comme l'Accord de libre-échange nord-américain. Elle n'est donc pas tenue de procéder à des appels d'offres internationaux. Elle n'est pas non plus tenue de respecter des règles de contenu canadien.

VOIES DÉDIÉES

Comme il l'avait fait à Toronto il y a quelques semaines, M. Desjardins-Siciliano a présenté hier à la communauté d'affaires montréalaise son projet de voies dédiées dans le corridor Montréal-Ottawa-Toronto.

Il a opposé ce projet, qu'il appelle le TGF (train à grande fréquence), aux projets de TGV (train à grande vitesse) qui ont fréquemment fait surface au cours des 25 dernières années. Selon lui, le TGF représenterait le tiers des coûts du TGV, pour les deux tiers des avantages.

La direction de VIA Rail entrevoit un partenariat public-privé (PPP) pour la partie infrastructure et signalisation du projet, soit un investissement d'environ 2 milliards.

« Nous avons complété notre plan d'affaires, nous l'avons fait valider par des groupes externes, a indiqué M. Desjardins-Siciliano à La Presse Affaires. Nous allons entamer des conversations privées avec des groupes d'investissement, des fabricants, des firmes de construction, soit tous ceux qui participent présentement à ce type de projet au Canada et à l'étranger, pour nous aider à définir un cadre financier qui serait réaliste. »

La direction de VIA Rail entend notamment contacter la Caisse de dépôt et placement du Québec, de même que les deux grands régimes de retraite publics d'Ontario, Teachers et OMERS.

VIA Rail espère présenter ce cadre financier à son actionnaire, le gouvernement fédéral, à la fin de 2015 ou au début de 2016.

M. Desjardins-Siciliano a noté qu'une approbation pourrait venir en 2017 en 2018 ou même plus tard, d'où la décision de dissocier l'aspect renouvellement de la flotte de ce partenariat public-privé.

« Ceci dit, si le projet de voies dédiées est approuvé de façon accélérée, s'il va de l'avant dès 2016, on pourra se demander si on met tout ça dans le même bain ou si on fait deux PPP, soit un pour le matériel roulant et un pour les voies dédiées. »

Le président-directeur général de l'Institut pour le partenariat public-privé, Roger Légaré, a déclaré que le projet de voies dédiées intéressait beaucoup la communauté d'affaires de Montréal : il a noté qu'en pleine période de vacances, entre la Saint-Jean et la fête du Canada, une centaine de personnes s'étaient déplacées pour entendre le message de M. Desjardins-Siciliano.

« Maintenant qu'on sait ce qu'il en est, il y a plus d'intérêt », a affirmé M. Légaré.