Cet été, La Presse Affaires présente des Québécois qui se distinguent dans le milieu des affaires à l'étranger.

Stéphane Gosselin ne dirige pas une entreprise aérienne comme les autres. Le Lavallois de 49 ans est à la tête d'Airbus Transport International (ATI), une filiale du géant européen Airbus, qui dispose d'une flotte de... cinq appareils. Mais quels appareils! Des Beluga, le deuxième avion-cargo en importance dans le monde, qui doit son nom à la petite baleine blanche à laquelle il ressemble.

«Notre rôle, c'est de transporter toutes les sections grand gabarit d'Airbus», résume-t-il au téléphone, au cours d'un entretien avec La Presse. Les cinq Beluga d'ATI transportent donc en pièces détachées les avions construits par Airbus. Sauf l'A380, «qui est plus gros que le Beluga», souligne M. Gosselin.

Stéphane Gosselin prépare actuellement un important projet pour ATI: l'agrandissement de la famille avec l'entrée en service, prévue en 2019, de la nouvelle génération de Beluga. Le plan prévoit pour l'instant l'ajout de cinq appareils à la flotte actuelle.

«La première raison, c'est d'apporter un complément aux Beluga actuels, explique-t-il. Parce que les besoins de la production Airbus vont dépasser ce qu'on sait faire aujourd'hui avec les Beluga.» Éventuellement, les nouveaux appareils remplaceront les actuels, question d'assurer la descendance.

Passionné d'avions et d'aventures

Né à Laval de parents originaires de l'Abitibi, Stéphane Gosselin a ressenti très tôt un attrait pour le monde de l'aviation. «Je me souviens encore de l'inauguration de [l'aéroport de] Mirabel, de la venue du Concorde», évoque-t-il.

Une quinzaine d'années plus tard, en 1989, il obtenait son diplôme en génie mécanique avec spécialisation en aéronautique de l'Université de Sherbrooke. À l'époque, «c'était le boom aéronautique un peu partout, au Québec, en Europe, aux États-Unis», rappelle M. Gosselin.

Il a tout de suite été embauché chez Airbus à Toulouse, au soutien à la clientèle. Il y a passé une grande partie de sa carrière, «avec des allers-retours dans d'autres fonctions», à l'ingénierie, aux programmes et aux achats, énumère-t-il avec un accent qui a pris quelques notes chantantes du sud de la France.

Stéphane Gosselin croit que les Québécois bénéficient d'un «préjugé de sympathie» en France. «Il y a [d'autres] étrangers qui, eux, doivent développer la confiance. Quand on est Québécois en France, [...] il y a un accueil qui est favorable, qui est bienveillant.»

Un travail particulier

Diriger un transporteur aérien aussi particulier qu'Airbus Transport International représente un défi stimulant pour lui, puisque «le périmètre d'activités» de l'entreprise se compare davantage aux grandes compagnies aériennes qu'aux petits transporteurs.

«Comme on est le seul opérateur du Beluga, on a en interne des organismes de formation» pour les pilotes et les mécaniciens, explique-t-il, ajoutant avoir également un service d'ingénierie pour développer des modifications et produire des pièces pour leurs appareils.

«Il y a un côté qui est hyper plaisant et motivant, aussi, c'est d'être à la tête d'une petite entreprise qui est adossée à une très grande entreprise. Donc, on a finalement tous les avantages de l'autonomie et de la flexibilité d'une petite entreprise, mais avec toutes les garanties et la sécurité d'une grande entreprise», explique Stéphane Gosselin.

Où se voit-il dans 10 ans? «Au bord d'un lac dans les Laurentides!», s'exclame-t-il spontanément, avant de calculer qu'il n'aura alors que 59 ans, «trop tôt» pour la retraite.

«Il y a encore des défis importants au sein d'ATI», réfléchit-il. Visiblement, il a encore des objectifs de carrière à atteindre avant de penser à la retraite. «Je ne considère pas que je suis arrivé au point culminant.»

ATI c'est...

• 210 employés

• 60 membres d'équipage

• 11 aéroports fréquentés

• 3300 vols effectués en 2014

• 20 tonnes de matériel transportées par vol (moyenne)