Le 51e salon de l'aéronautique du Bourget a démarré lundi avec une salve de commandes pour Airbus et Boeing, qui se sont partagé un butin de plus de 23 milliards de dollars, sur fond d'optimisme du secteur pour les deux prochaines décennies.

Le président François Hollande a donné le coup d'envoi du grand rendez-vous mondial du secteur en s'y posant en début de matinée à bord du nouvel A350 d'Airbus.

Dans la foulée, deux Alphajet de la Patrouille de France ont effectué un passage dans le ciel parisien, suivis de l'hélicoptère NH90 et de l'avion de chasse Rafale, nouvel emblème des succès à l'exportation de l'industrie de défense française.

Je suis venu «saluer le spatial, cette filière française et européenne qui chaque fois relève tous les défis qui lui sont présentés», a déclaré le chef de l'État. Il a mentionné le robot européen Philae, qui a établi un nouveau contact avec la Terre dans la nuit de dimanche à lundi, «la plus grande aventure de ces vingt dernières années pour l'espace».

Et alors que la filière spatiale européenne est en train de se réorganiser face à la concurrence, notamment américaine, M. Hollande a souligné «les rapprochements qui se sont faits, les décisions qui ont été prises et qui nous permettent d'avoir maintenant, avec Ariane 6, une très belle perspective».

L'avion de transport militaire A400M a aussi été mis à l'honneur, signant un des premiers vols à l'ouverture du salon, le constructeur Airbus DS marquant ainsi sa confiance dans l'appareil malgré un écrasement début mai qui a fait 4 morts.

Tous les yeux étaient déjà tournés vers les annonces de commandes qui rythment traditionnellement le salon, avec le duel Boeing-Airbus.

L'avionneur européen a annoncé plusieurs commandes fermes pour environ 15 milliards de dollars, dont une de la compagnie saoudienne Saudi Arabian qui sera la première à opérer des A330-300, dont elle a commandé 20 exemplaires.

Boeing a de son côté annoncé une commande ferme de Qatar Airways pour 14 long-courriers Boeing 777, dont dix 777X de nouvelle génération, pour 4,8 milliards de dollars. La monarchie pétrolière a aussi acquis quatre gros-porteurs militaires C-17 fabriqués par la firme de Seattle.

Au précédent salon du Bourget en 2013, Airbus avait enregistré pour 39,3 milliards de dollars de commandes fermes alors que son rival de Seattle en engrangeait 38 milliards. Et cette édition avait totalisé 115 milliards d'euros de commandes pour l'ensemble de la filière.

Le 787 se donne en spectacle

Airbus estime les besoins des compagnies aériennes à environ 32 600 appareils sur les 20 ans à venir (+4% par rapport à la précédente prévision), soit un marché de 4900 milliards de dollars. Boeing a relevé sa prévision de 3,5% à 38 050 unités, pour une valeur estimée à 5600 milliards de dollars.

Le trafic aérien mondial est passé de 100 millions de passagers en 1960 à un peu plus de 3 milliards en 2013 et doublera à «7 milliards en 2034», selon Randy Tinseth, vice-président chargé du marketing chez Boeing.

Face à cette demande, les constructeurs et leurs fournisseurs s'efforcent d'«accroître les cadences de production tout en proposant des innovations» d'amélioration de leurs appareils, selon le cabinet Argon Consulting, spécialisé dans l'aérien.

Moins spectaculaire mais tout aussi réelle, la guerre des constructeurs régionaux a également débuté. Le Brésilien Embraer a annoncé au Salon avoir reçu 103 nouvelles commandes de trois compagnies américaines et une chinoise, dont 50 fermes, pour un montant total de 5,4 milliards de dollars, tandis que le Franco-Italien ATR a enregistré 46 commandes fermes et 35 options d'une valeur totale de 1,98 milliard de dollars.

Le canadien Bombardier qui présente pour la première fois son CSeries, n'a pour sa part pas enregistré de commande supplémentaire pour son nouvel appareil.

Avec 315 000 visiteurs attendus cette année, dont 140 000 professionnels, le Bourget reste le «premier salon mondial de l'aéronautique et de l'espace», selon Marwan Lahoud, directeur de la stratégie d'Airbus Group.

Quelque 2260 exposants sont présents pour cette édition de la biennale, dont près de la moitié sont étrangers, et 47 pays sont représentés.

Parmi les vedettes cette année, l'Antonov 178 ukrainien ou le JF-17, un avion de chasse pakistanais.

Le 787 «Dreamliner» de Boeing - qui a effectué un décollage quasiment vertical très remarqué - et le H160 d'Airbus Helicoptères complètent ces présentations.

Dans le spatial, Airbus DS a été sélectionné pour produire 900 satellites de petite taille au profit de OneWeb, pour une constellation satellitaire destinée à l'internet.