Le gouvernement du Québec pourrait investir dans le capital-action de Bombardier pour venir en aide à la CSeries.

«La CSeries, on peut la remettre en question, mais au point où on est rendu, on ne l'abandonnera pas, a déclaré le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations du Québec, Jacques Daoust, lors d'une rencontre avec les journalistes hier, à la veille de l'ouverture du Salon aéronautique du Bourget. Je suis encore prêt à aider Bombardier parce que j'ai encore confiance.»

Le programme de CSeries est en retard d'environ deux ans. Le budget de développement, qui avait déjà été fixé à 2,1 milliards de dollars, atteindra 5,4 milliards lors de l'entrée en service du CS300, le plus gros membre de la famille, en 2017.

Le ministre Daoust a toutefois rappelé que pratiquement tous les programmes de nouveaux avions avaient largement dépassé le budget prévu.

Il a aussi fait observer que le marché avait témoigné sa confiance envers Bombardier. Il y a deux mois, l'entreprise a réalisé avec succès une émission d'actions de 1,1 milliard de dollars CAN et une émission de billets de premier rang de 2,25 milliards US.

Bombardier prépare également actuellement un nouvel appel public à l'épargne pour une partie de Bombardier Transport.

Le ministre Daoust a affirmé que Bombardier était toujours en recherche de financement et étudiait toutes les possibilités.

Québec et Bombardier discutent

Québec pourrait participer à une nouvelle ronde de financement de Bombardier. Le ministre a indiqué qu'il y avait actuellement des discussions entre le gouvernement et la société.

«Est-ce que nous avons eu une demande formelle? Non, pas pour le moment, a-t-il déclaré. Est-ce que je serais disponible s'il y avait une demande? Je me suis toujours montré intéressé à Bombardier.»

Le ministre a précisé que s'il y avait une demande d'aide gouvernementale de la part de Bombardier, elle s'inscrirait en dette ou en équité. Il a expliqué qu'il voulait s'éloigner d'un «modèle subventionnaire», axé sur les subventions. Or, une fois accordée, une subvention ne revient pas dans les coffres du gouvernement, contrairement à un prêt, par exemple.

«Si je contribue au succès d'une entreprise, si elle réussit, je veux avoir un rendement sur cet investissement», a lancé M. Daoust.

Il a également précisé qu'une telle participation devrait être liée à la CSeries. Il pourrait par exemple s'agir du développement d'un avion plus gros, un troisième membre de la famille qui pourrait s'appeler le CS500.

«S'ils décident d'en faire un, il faudrait que ce soit bon pour le Québec, a-t-il affirmé. Il faut que ce soit des emplois assurés.»

La Caisse de dépôt et placement du Québec a offert de participer à la dernière ronde de financement de Bombardier, mais l'entreprise a refusé cette offre parce que la Caisse réclamait des changements à sa structure de capital-action. La Caisse demandait notamment de réduire le nombre de votes liés aux actions à droits de vote multiples, pour le faire passer de dix à six.

M. Daoust a déclaré que la structure du capital-action de Bombardier ne le préoccupait pas.

Aérospatiale

Le ministre a également profité de la rencontre avec les journalistes pour discuter de ses priorités en matière d'aérospatiale. Le gouvernement entreprendra notamment une grande consultation au sein de l'industrie pour rafraîchir la politique gouvernementale en la matière. La politique actuelle remonte à 2006. La nouvelle politique devrait être prête pour le discours sur le budget du printemps prochain.

M. Daoust veut également discuter avec le gouvernement fédéral pour que le Québec remporte la majeure partie des retombées liées au contrat de 3,4 milliards sur le remplacement des appareils de recherche et sauvetage.

«Lors du remplacement des navires de la marine canadienne, il n'y a pas eu de contrats pour le Québec. Les contrats ont été accordés dans les provinces maritimes et en Colombie-Britannique, a-t-il rappelé. Comme l'industrie aéronautique est surtout au Québec, je m'attends à ce que les retombées liées aux appareils de recherche et sauvetage soient essentiellement au Québec.»

Contrairement à ce qu'il avait l'habitude de faire lors des grands salons aéronautiques précédents, Ottawa n'a pas dépêché son ministre de l'Industrie cette année au Bourget.