Les principaux constructeurs d'avions d'affaires, réunis à Genève de mardi à jeudi pour leur salon européen annuel, affichent des prévisions de ventes optimistes, malgré une baisse des livraisons au premier trimestre liée à une moindre demande des grands marchés émergents.

Après avoir réalisé un chiffre d'affaires record de plus de 22 milliards de dollars en 2014, l'aviation d'affaires a traversé un trou d'air au premier trimestre, avec des livraisons en baisse de 13,6%, selon les chiffres publiés début mai par l'association des constructeurs de l'aviation générale (GAMA).

«Le premier trimestre a été faible», reconnaît Marco Tulio, PDG du brésilien Embraer Executive Jets, dont les ventes ont chuté de moitié à 124 millions de dollars, pour 12 appareils livrés contre 20 à la même période l'an dernier.

Le constructeur souffre particulièrement de la chute de la demande au Brésil, qui était auparavant son deuxième marché et a été détrôné par une Europe tout juste «stable». De manière générale, «les marchés émergents ne contribuent pas à la croissance», tandis que les États-Unis restent «le principal marché pour les nouveaux avions d'affaires» observe-t-il.

«Nous avons encore ressenti les conséquences du climat économique difficile en Amérique du Sud, de la crise politique en Ukraine et du ralentissement sur le marché chinois», a également constaté le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier, qui n'attend «pas vraiment de reprise» dans ces zones.

Le constructeur français a livré 6 de ses Falcon de janvier à mars, contre 9 début 2014, pour un chiffre d'affaires en baisse de plus de 40% à 211 millions de dollars.

Dassault a cependant enregistré plus de commandes que de livraisons l'an dernier, pour la première fois depuis 2008, et table sur un nombre de livraisons stable cette année, autour de 65 Falcon.

Embraer prévoit pour sa part de livrer entre 115 et 130 appareils, soit au moins autant qu'en 2014, et vise un chiffre d'affaires compris entre 1,7 et 1,85 milliard de dollars, en hausse de 15% à 25%.

L'avionneur brésilien compte principalement sur ses gammes de petite et moyenne tailles, en particulier ses nouveaux modèles Legacy 450 et 500, tout en se montrant «confiant» quant aux ventes de ses grands jets Lineage, en dépit de la restructuration annoncée la semaine dernière par son concurrent canadien Bombardier.

La firme de Montréal va en effet supprimer 1750 postes dans sa division aviation d'affaires d'ici début 2016, à cause d'une baisse des commandes pour ses grands jets Global 5000 et 6000. Ces licenciements s'ajouteront aux 1000 décidés en janvier, en raison d'une «pause» dans le développement du nouvel appareil de petite taille Learjet 85.

Le patron de sa division avions d'affaires de Bombardier, Eric Martel, a été démis de ses fonctions lundi. Selon les chiffres de GAMA, le constructeur canadien est pourtant le seul à tirer son épingle du jeu au premier trimestre, avec 45 avions livrés (+2) pour un chiffre d'affaires en hausse de 5,5% à plus de 1,6 milliard de dollars.

Son principal concurrent, l'américain Gulfstream, a vu son activité décliner de 17% à 1,7 milliard de dollars, pour 32 appareils livrés contre 39 début 2014, tandis que son compatriote Cessna a livré 33 avions contre 35 l'an dernier.