Le couperet tombe de nouveau chez Bombardier (T.BBD.B), qui supprimera près de 1750 postes - principalement à Montréal - au sein de sa division des avions d'affaires en raison d'un ralentissement de la demande.

Bien que rapide, cette décision n'est pas totalement une surprise, puisque l'entreprise avait concédé la semaine dernière que l'ajustement à la baisse de la production des appareils Global 5000/6000 se traduirait par des licenciements.

«C'est une décision difficile, mais nécessaire», écrit le président de Bombardier Avions d'affaires, Éric Martel, dans une note interne envoyée jeudi aux employés et dont La Presse Canadienne a obtenu copie.

Dans son message, il rappelle que les commandes de «l'ensemble du secteur» de l'aviation d'affaires ont subi les contrecoups de l'incertitude qui plane en Amérique latine, en Chine ainsi qu'en Russie.

À compter du mois de juin - et jusqu'au premier trimestre de 2016 - jusqu'à 1000 employés dans la métropole, 480 à Toronto et 280 à Belfast, en Irlande du Nord, seront progressivement touchés.

Actuellement, près de 2800 employés sont affectés au programme du Global 5000/6000 dans la région de Montréal, alors que dans la Ville-Reine, environ 1750 personnes y travaillent.

D'après un porte-parole de Bombardier, Mark Masluch, les licenciements devraient toucher aussi bien du personnel administratif que des travailleurs oeuvrant sur la chaîne de production.

«Cette réduction de cadence a des impacts non seulement sur la production, mais également le soutien», a-t-il expliqué au cours d'un entretien téléphonique.

M. Masluch a précisé que la décision ne devrait pas ralentir le développement des nouveaux appareils Global 7000/8000, ajoutant qu'il se pourrait que des travailleurs touchés par les coupes soient transférés vers ce programme.

D'après le coordonnateur québécois de l'Association internationale des machinistes, Dave Chartrand, quelque 850 travailleurs de l'usine de Dorval sont concernés par les réductions annoncées jeudi.

«Il y en a entre 150 et 200 concernés dans les usines que je représente, (dans l'arrondissement) Saint-Laurent, a-t-il indiqué. Ce n'est pas une bonne nouvelle, mais nous sommes confiants de pouvoir relocaliser les gens sur d'autres programmes.»

De son côté, Unifor, qui représente la grande majorité des syndiqués concernés par l'annonce, a fait savoir qu'il allait prendre «tous les recours» afin de limiter les départs involontaires.

Dans sa note, le président de Bombardier Avions d'affaires dit être «pleinement conscient» des effets des licenciements, laissant toutefois entendre qu'il pourrait y en avoir un peu moins que les 1750 annoncés.

«Nous envisagerons toutes les possibilités, notamment des mutations à d'autres secteurs et le non-remplacement d'employés qui prennent leur retraite, écrit M. Martel. Nous travaillerons en collaboration avec les dirigeants syndicaux.»

C'est la deuxième fois en quatre mois que Bombardier effectue d'importantes suppressions d'emplois dans sa division des avions affaires.

Citant un manque d'intérêt, l'avionneur avait, en janvier dernier, mis sur la glace son programme du Learjet 85 pour une durée indéterminée, ce qui avait entraîné le licenciement de quelque 1000 personnes aux États-Unis et au Mexique.

En un peu plus de deux ans, il s'agit de la quatrième vague significative de licenciements décrétée par Bombardier au sein de sa division aéronautique.

«En tenant compte des (dernières) suppressions d'emplois, nous notons que Bombardier a réduit sa main-d'oeuvre d'au moins 4550 employés depuis juillet 2014», souligne l'analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, dans un rapport.

Les autres réductions de personnel avaient surtout affecté la division des avions commerciaux, notamment en raison des retards et problèmes rencontrés dans le programme de la CSeries, dont les coûts ont explosé pour atteindre 5,4 milliards $ US.

M. Poirier ne s'est pas montré surpris de l'annonce de Bombardier, puisque son président et chef de la direction, Alain Bellemare, en avait discuté la semaine dernière lors de l'assemblée annuelle, en expliquant que l'entreprise devait se serrer la ceinture.

D'après l'analyste, la suppression des 1750 postes pourrait représenter des économies annuelles de 135 millions $ US pour l'entreprise.

En 2014, Bombardier a conservé sa position de tête dans le secteur des avions d'affaires pour une 10e année consécutive en livrant 204 appareils, dont 80 Global, pour un montant de 7,56 milliards $ US.

Si son plus important concurrent, Gulfstream, a livré 150 appareils, la valeur des commandes s'est néanmoins élevée à 7,78 milliards $ US, soit 220 millions $ US de plus que Bombardier.

L'action de l'entreprise québécoise a avancé jeudi de 13 cents, soit 5,1 %, à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 2,68 $.