La capacité du réseau de transport du Canada sera vraisemblablement mise à l'épreuve une fois de plus par les récoltes de céréales de l'Ouest canadien, qui continuent de faire croître le volume de biens empruntant le système, estime le patron de la Commission canadienne du blé.

«Je crois que nous pourrions voir la production de céréales dans l'ouest du Canada connaître une bonne et solide croissance et cela signifie que nous pourrions devoir trouver des moyens logistiques pour faire parvenir cette récolte des Prairies aux clients», a affirmé Ian White avant de participer, jeudi, aux célébrations soulignant l'ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent.

Les agriculteurs de l'Ouest ont eu de grosses récoltes ces dernières années - particulièrement celle de 2013, qui s'est retrouvée au coeur de plaintes entourant la performance du système de livraison des deux grands réseaux ferroviaires canadiens, une situation qui a culminé l'an dernier par l'intervention du gouvernement fédéral.

La ministre du Transport, Lisa Raitt, et celui de l'Agriculture, Gerry Ritz, ont annoncé samedi que le gouvernement ne prolongerait pas les mesures extraordinaires mises en place l'an dernier pour imposer des volumes planchers au transport de céréales, ajoutant que ces dernières circulaient maintenant adéquatement et que la nouvelle récolte de céréales était d'une taille plus moyenne.

Même si le système de livraison des céréales est revenu à la normale, M. White croit que cette décision «a attiré l'attention de tout le monde» sur le besoin de s'assurer du bon fonctionnement de la chaîne d'approvisionnement, alors que les pressions en faveur d'une augmentation des exportations de céréales s'accentuent.

La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada [[|ticker sym='t.cnr'|]]  et le Canadien Pacifique [[|ticker sym='t.cp'|]]  ont critiqué la décision du gouvernement d'imposer des quotas pour les volumes de livraison. Les deux transporteurs ferroviaires ont livré plus de 50 millions de tonnes de céréales en 2014, surpassant les volumes minimaux de 5,5 millions de tonnes.

La commission du blé, qui procède actuellement au développement d'un plan de privatisation qui sera mis en place dans les deux prochaines années, investit jusqu'à 200 millions $ pour acheter de nouveaux navires et terminaux céréaliers dans les Grands Lacs.

Le nouveau CWB Marquis, le premier de deux laquiers commandés par la Commission précisément pour le commerce sur la voie maritime du Saint-Laurent, entamait cette semaine son premier voyage et il sera le premier navire à traverser la voie maritime en 2015. Le deuxième bateau de classe Equinox, qui a coûté environ 30 millions de dollars, sera disponible plus tard cette année et se joindra aux autres navires ajoutés par diverses sociétés dans le cadre d'un programme de renouvellement de la flotte des Grands Lacs.

Le chef de la direction de la Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent, Terrence Bowles, s'attend à ce que la voie profite cette année de l'amélioration de l'économie des États-Unis et de la reprise du secteur manufacturier canadien.

Une augmentation de l'activité des constructeurs automobiles et de celle du secteur de la construction devrait accélérer la demande pour l'acier, le béton et l'agrégat. Et l'hiver difficile qui s'achève devrait se traduire par une autre bonne année de restockage pour le sel de voirie. Les livraisons de minerais de fer devraient cependant souffrir de la faiblesse des prix, a-t-il ajouté.

La voie maritime s'attend à transporter 40 millions de tonnes de marchandises en 2015, soit la même quantité qu'en 2014, mais elle pourrait facilement gérer une augmentation de 50% de ce volume, a précisé M. Bowles, notamment grâce aux efforts pour accélérer les livraisons de céréales.

«La demande ne fait qu'augmenter dans le monde et nous croyons qu'il s'agit d'un développement très positif pour la voie maritime, absolument.»

La forte présence de glace dans les Grands Lacs a forcé la voie maritime à connaître son ouverture la plus tardive depuis 1997. Cependant, M. Bowles ne s'attend pas aux mêmes problèmes qui ont entraîné des semaines de retard au début de la saison l'an dernier.

Le début tardif de l'ouverture ne devrait pas avoir d'impact sur le tonnage d'ensemble pour l'année, a ajouté le directeur du marketing pour la voie maritime, Bruce Hodgson.

«Nous allons perdre un peu de temps à l'ouverture mais il est plus que probable que nous allons le récupérer au fil de la saison», a-t-il affirmé.

Cependant, le président de la Chambre de commerce maritime, Stephen Brooks, a indiqué que les propriétaires de navires et les clients industriels s'inquiétaient des retards dans certaines parties des Grands Lacs en raison de la glace.

«Les hivers rudes des deux dernières années ont mis en évidence de sérieux problèmes systémiques», a affirmé M. Brooks.

«Plutôt qu'un système alimenté par la demande de l'industrie, le transport assidu des ressources en Amérique du Nord est retenu par la disponibilité limitée de brise-glaces qui sont trop peu nombreux dans une trop grande région.»