Tout indique que la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) (t.cnr)  imposera dès lundi un lock-out à ses employés représentés par le syndicat Unifor, après presque six mois de négociations infructueuses.

La demande du transporteur ferroviaire montréalais d'aller en arbitrage a été rejetée catégoriquement vendredi par le syndicat qui représente ses quelque 4800 employés de bureau, de la mécanique et de l'intermodal.

Le CN a indiqué que le lock-out sera en vigueur lundi soir, à compter de 23 heures.

«Cela montre les vraies couleurs de l'entreprise, a affirmé le président d'Unifor, Jerry Dias, au cours d'un entretien téléphonique. Le CN n'a aucun respect pour ses employés ainsi que ses clients, c'est clair.»

De son côté, le président de l'entreprise, Claude Mongeau, a justifié sa décision en affirmant que la stratégie syndicale visant à obtenir des mandats de grève au cours du prochain mois n'allait pas rapprocher les deux parties.

«Nous ne pouvons accepter l'incertitude qu'occasionnerait pour nos clients, notre personnel et les points d'accès que nous desservons, un processus d'obtention d'un mandat de grève qui durerait un mois», a-t-il fait valoir, dans un communiqué.

M. Mongeau souligne que pour le moment, une intervention gouvernementale - comme dans le cas du Canadien Pacifique - n'est pas nécessaire, un avis que partage le président d'Unifor.

«Le gouvernement fédéral ne devrait pas se mettre le nez là-dedans parce que c'est le CN qui est responsable de cette situation», a dit M. Dias, qui ne ferme toutefois pas la porte à négocier avec le transporteur d'ici lundi.

Par courriel, le transporteur a laissé entendre qu'un lock-out pourrait perturber le service sur la ligne Montréal - Deux-Montagnes du train de banlieue de l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

«Les cadres du CN ne possèdent pas l'expertise reliée à l'équipement sophistiqué de cette ligne électrifiée», a fait savoir un porte-parole du CN, Mark Hallman.

La société dit avoir offert à l'AMT des travailleurs qualifiés externes afin d'assurer un service «dans la mesure du possible».

Unifor et le CN s'accusent mutuellement de faire des offres ou demandes déraisonnables.

Le président d'Unifor affirme qu'il ne veut obtenir que ce qui a déjà été obtenu du Canadien Pacifique, le 14 février dernier, dans un contexte où le CP fait moins de profits que le CN.

«C'est fascinant de voir un dirigeant qui empoche plus de 8 millions $ par année ne pas vouloir imiter le CP, a martelé M. Dias. Ils veulent tout simplement imposer un moins bon contrat de travail.»

Le CN propose notamment des augmentations salariales de trois pour cent par année pendant trois ans, mais reproche au syndicat de vouloir lui imposer une contribution de 5 cents l'heure à un fonds communautaire et social.

«C'est un mensonge, rétorque le président d'Unifor. Le CN ne veut tout simplement pas mettre la main dans sa poche.»

M. Mongeau réplique de son côté que le contrat de travail négocié par Unifor avec le CP n'est pas un «bon modèle d'entente».

Le président d'Unifor est convaincu que le CN ne peut tout simplement pas se permettre de remplacer les 4800 employés syndiqués de bureau, de la mécanique et de l'intermodal si un lock-out est imposé.

«Nous sommes chargés de la sécurité, a-t-il rappelé. Ils ne peuvent pas demander à quelqu'un qui travaille dans un bureau depuis des années de s'assurer qu'un wagon est sécuritaire, surtout avec les récents déraillements.»

À la Bourse de Toronto, l'action du CN a clôturé à 87,70 $, en hausse de trois cents, ou 0,03 pour cent.