Après avoir majoré son opération de financement, vendredi, Bombardier (t.bbd.b) s'affaire maintenant à préparer le premier vol du CS300, la version plus spacieuse de son avion commercial CSeries, qui doit avoir lieu la semaine prochaine.

Si les conditions météorologiques le permettent, le baptême de l'air du CS300 - qui peut transporter jusqu'à 160 passagers - aura lieu entre le 26 et le 28 février aux installations de l'entreprise à Mirabel, dans les Laurentides.

«Nous avons obtenu le permis de vol, a indiqué une porte-parole, Isabelle Gauthier. Les défis techniques du premier vol (inaugural) sont derrière nous. C'est beaucoup plus simple avec le CS300.»

Bombardier a déployé d'importantes ressources financières dans le programme de la CSeries, dont les coûts atteignent maintenant 5,4 milliards de dollars US.

Deux appareils CS300 doivent s'ajouter aux cinq véhicules d'essais CS100. Jusqu'ici, le programme de la CSeries a accumulé plus de 1000 heures de vol sur les quelque 2400 nécessaires pour obtenir la certification de Transports Canada.

«C'est un jalon-clé du programme», a observé Mme Gauthier.

Pour le moment, c'est le CS300 qui semble avoir la cote auprès des clients de Bombardier, avec 180 commandes fermes, comparativement à 63 pour le CS100.

Macquarie AirFinance et Republic Airways sont les deux plus importants clients jusqu'ici puisque chacune des entreprises a commandé 40 avions.

Cette annonce survient au lendemain d'une entente avec un syndicat de preneurs fermes en vue d'émettre des bons de souscription, ce qui devrait permettre à l'avionneur montréalais de récolter jusqu'à 938 millions de dollars, en hausse par rapport aux 750 millions préalablement annoncés jeudi.

«Ce prix est probablement relié aux risques à l'endroit du programme de la CSeries. (...) Nous demeurons prudents en ce qui a trait aux perspectives à long terme (de l'entreprise)», estime l'analyste Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, dans un rapport.

La semaine dernière, Bombardier avait fait part de son intention de recourir aux marchés financiers pour obtenir jusqu'à 1,5 milliard US en capitaux en plus d'émettre des actions pour environ 600 millions US.

Dans le cadre du plan de financement, certains membres de la famille Bombardier se sont engagés à acquérir directement ou indirectement des bons de souscription pour une somme de 50 millions.

Entre-temps, le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, a estimé à Montréal que cette stratégie prouvait que malgré certaines turbulences, Bombardier n'avait pas besoin d'être sauvée par le gouvernement.

«Je n'ai pas eu d'appel de leur part et je ne m'attends pas à en recevoir un», a-t-il dit vendredi, en marge d'une allocution devant l'Association des MBA du Québec.

Même si l'avionneur a récemment été décoté par de grandes agences de notation comme Moody's, Fitch et DBRS, M. Daoust a refusé de se montrer inquiet, notamment parce que la société a accès à près de 3,8 milliards $ de liquidités.

«Cessons de penser que c'est une entreprise qui éprouve des difficultés majeures, a martelé le ministre. Ils connaissent un moment difficile, mais ont les liquidités pour faire face à cette situation.»

La semaine dernière, Bombardier a dévoilé une perte de 1,59 milliard de dollars US au quatrième trimestre, un résultat qui comprend une charge de 1,4 milliard  US reliée à l'interruption du développement de l'avion d'affaires Learjet 85.

La société a également annoncé l'arrivée d'Alain Bellemare - un ex-haut dirigeant chez United Technologies - comme nouveau président et chef de la direction.

Il remplace Pierre Beaudoin, qui devient président du conseil d'administration, à la place de son père, Laurent.

En fin d'après-midi, à la Bourse de Toronto, le titre de Bombardier reculait de 2,24 pour cent, ou six cents, pour se négocier à 2,39 $.