La fin de l'année 2014 a été ardue pour l'industrie des hélicoptères commerciaux, et l'année 2015 s'annonce également difficile. Bell Helicopter espère tout de même tirer son épingle du jeu grâce au type d'appareils qu'elle construit.

«C'est sûr qu'il y a eu des vents de face au quatrième trimestre de 2014, que ç'a été dur pour tous les joueurs de l'industrie, mais il ne faut pas trop se préoccuper des résultats d'un seul trimestre, déclare le président de Bell Helicopter Textron Canada, Raymond Leduc, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Le marché de l'hélicoptère a une très forte corrélation avec le PIB mondial. La tendance est légèrement à la hausse, donc nous sommes encouragés pour le long terme.»

Selon la General Aviation Manufacturers Association (GAMA), les livraisons d'hélicoptères commerciaux ont chuté de 24,7% en 2014 par rapport à l'année précédente en nombre d'appareils. La valeur totale des livraisons a diminué de 7,5%.

Bell Helicopter n'a livré que 178 appareils commerciaux en 2014 comparativement à 213 en 2013, soit une réduction de 16%. L'entreprise a toutefois réussi à préserver sensiblement les mêmes revenus, soit 974,5 millions US en 2014 comparativement à 969,7 millions US en 2013.

Bell Helicopter se retrouve au troisième rang des manufacturiers d'hélicoptères commerciaux, derrière Airbus Helicopters (anciennement Eurocopter) et Sikorsky.

Les revenus de l'entreprise ont toutefois fléchi au quatrième trimestre, passant de 356,6 millions US à 340,0 millions US.

Deux éléments importants

L'analyste américain Brian Foley, de la firme Brian Foley Associates, indique que deux éléments devraient affaiblir encore davantage le marché des hélicoptères en 2015: la chute des coûts du carburant et l'appréciation de la devise américaine.

«Comme les prix sont établis en dollars américains, les hélicoptères sont 20% plus chers qu'il y a un an dans les marchés à l'extérieur des États-Unis», affirme-t-il dans une note d'analyse.

M. Leduc fait toutefois observer que l'appréciation du dollar américain fait en sorte de diminuer les coûts d'assemblage des appareils à Mirabel, lorsqu'on transpose ces coûts en devise américaine.

«Il y a d'autres installations de Bell dans le monde où les coûts baissent», déclare-t-il.

Quant à la chute des coûts du carburant, elle peut avoir deux effets contraires: un positif, un négatif.

M. Foley note que les acheteurs de plus petits appareils, comme les services de police et les médias, sont plus sensibles aux frais d'exploitation. La réduction des coûts de carburant est donc positive pour eux.

C'est justement le marché que vise Bell Helicopter pour les hélicoptères qu'elle assemble à Mirabel.

M. Leduc énumère ainsi des clients qui ont récemment commandé des appareils assemblés à Mirabel, comme la Garde côtière canadienne, la police nationale de Suisse et la police de New York.

Selon M. Foley, la glissade des coûts du pétrole a des effets négatifs sur l'exploration et l'exploitation pétrolières. Or, cette industrie utilise beaucoup de gros hélicoptères, notamment pour l'exploitation en mer.

Nouvel appareil

Bell Helicopter travaille présentement sur un nouvel appareil pour desservir ce marché, le Bell 525, qui sera assemblé aux États-Unis. M. Leduc affirme que, pour l'instant, Bell Helicopter n'a pas détecté une baisse d'intérêt de la part des clients.

«Les gens ont très hâte, soutient-il. Ça va leur permettre de réduire leurs coûts d'exploitation et d'avoir un appareil mieux adapté à leurs besoins.»

L'automne dernier, Bell Helicopter a procédé à une série de licenciements à son usine de Mirabel. M. Leduc ne veut pas dire si d'autres vagues sont prévues.

«Nous ajustons toujours notre équipe en fonction de la demande, déclare-t-il. Si nous continuons à avoir du succès sur le marché, nous allons composer avec l'équipe en place.»