La grève des 3300 employés du Canadien Pacifique (CP) est terminée: l'employeur et le syndicat ont accepté de soumettre leurs différends à un processus d'arbitrage volontaire, a annoncé hier la ministre du Travail, Kellie Leitch.

La ministre a fait cette annonce-surprise alors qu'elle s'apprêtait à déposer un projet de loi à la Chambre des communes qui aurait forcé le retour au travail des employés du CP, en grève depuis dimanche.

«Après des mois de négociations, je suis heureuse d'annoncer que le Canadien Pacifique et la Conférence ferroviaire Teamsters Canada ont accepté de confier leurs différends à un processus de médiation-arbitrage. [...] La grève est terminée, et je suis ravie de voir que les deux parties ont fait passer les intérêts des Canadiens et l'économie canadienne en premier», a affirmé Mme Leitch.

Elle a fait valoir qu'une grève aurait été néfaste pour l'économie canadienne. Un long conflit aurait coûté plus de 200 millions de dollars en pertes économiques par semaine, selon elle. Elle s'est aussi défendue d'avoir exercé une pression en brandissant la menace d'un projet de loi qui aurait forcé le retour au travail.

«Nous n'avons pas déposé notre loi. Nous avons incité les parties à reprendre les négociations. [...] Les trains doivent reprendre du service et nous voulons que le service reprenne dès demain matin [ce matin]», a dit Mme Leitch.

Le service sur les lignes de train de banlieue de Saint-Jérôme, Candiac et Vaudreuil, qui avait été interrompu en raison de la grève, reprend normalement ce matin, a annoncé l'Agence métropolitaine de transport (AMT). 

Hier, un service de navettes a été établi pour pallier les arrêts de service sur ces lignes. «Nos clients sont pris en otage», déplorait Nicolas Girard, grand patron de l'AMT.

Le chaos appréhendé n'a toutefois pas eu lieu. Lors du passage de La Presse à Candiac, Rosemère, Blainville et Saint-Jérôme, les navettes n'étaient pas remplies et les stationnements incitatifs étaient beaucoup moins achalandés qu'à l'habitude.

Pascal, rencontré à la gare de Rosemère, savait à quoi s'attendre hier matin. Il attendait une navette dans le froid mordant, en prenant la situation avec philosophie. «Habituellement, ça me prend une heure, porte à porte», jusqu'au centre-ville de Montréal, a-t-il dit. «Aujourd'hui, ça va prendre plus de temps. C'est correct.»

Contre la loi spéciale

Les cheminots et les conducteurs du CP avaient jusqu'à samedi soir pour s'entendre. Les négociations achoppent sur l'installation de caméras de surveillance à bord des locomotives, de même que sur la gestion de la fatigue.

Le Nouveau Parti démocratique et le Parti libéral avaient fait savoir qu'ils s'opposeraient à un projet de loi obligeant le retour au travail. Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice a fait valoir qu'une telle mesure brimerait le droit des employés du CP à négocier librement un nouveau contrat de travail, comme le réaffirme d'ailleurs la Cour suprême du Canada dans une récente décision.

M. Boulerice a accusé le gouvernement Harper d'avoir un parti pris en faveur des employeurs, au détriment des employés, et a souligné que les conservateurs avaient adopté six projets de loi pour mettre fin à des conflits de travail depuis leur arrivée au pouvoir, en 2006.

«On est satisfait que le conflit de travail soit résolu. Par contre, la problématique de la sécurité publique et de la fatigue sur les heures de travail, pour l'instant, n'est toujours pas réglée», a-t-il dit.

Rappelons qu'en 2012, le gouvernement conservateur avait déposé un projet de loi spéciale pour forcer les employés du CP à retourner au travail, après un peu moins d'une semaine de grève. Des lois spéciales ont aussi été adoptées lors des conflits de travail à Air Canada, à Postes Canada et au Canadien National.

- Avec La Presse Canadienne