Les pilotes de la compagnie aérienne allemande Lufthansa ont entamé lundi une grève de 36 heures, la dixième depuis le début de l'année, provoquant l'annulation de plus d'un millier de vols.

Le numéro un européen du transport aérien, basé à Francfort (ouest), a confirmé en fin d'après-midi l'annulation de près de la moitié des 2800 vols prévus ce lundi, soit 1350 vols court et moyen-courriers en Allemagne.

«Tous les long-courriers au départ d'Allemagne décolleront comme prévu lundi. Lufthansa Cargo opérera la totalité de ses vols prévus» et les filiales Germanwings, Swiss, Austrian Airlines, Brussels Airlines et Air Dolomiti «ne sont pas touchées par le mouvement», a précisé Lufthansa.

La grève a débuté lundi à 12 h (6 h, heure de l'Est) et doit se poursuivre jusqu'à mardi minuit (18 h, heure de l'Est).

Plus de 150 000 passagers étaient affectés lundi par la grève, qui vise à appuyer des revendications sur les modalités de départ en préretraite, selon la direction. Entamé en avril, le mouvement est en train de se durcir avec un dixième arrêt de travail plus long que les neuf précédents.

Interrogé sur la chaîne de télévision N-TV, le porte-parole du syndicat Cockpit, Jörg Handwerg, a affirmé que les revendications des pilotes étaient «quasiment indolores financièrement» pour la compagnie aérienne et qu'elles ne représentaient que 0,1 % des coûts de Lufthansa.

«Ce n'est pas ce qui risque de mettre la compagnie sur la paille», a fait valoir M. Handwerg.

Lundi la plupart des vols annulés étaient au départ ou à destination de Francfort, principal «hub» de la compagnie, ainsi que Munich. L'aéroport de Berlin était en revanche quasiment épargné par les perturbations.

Jusqu'ici la situation est restée calme dans les aéroports allemands, les voyageurs ayant été informés en amont par courrier électronique ou SMS. Sur son site internet, Lufthansa a en outre publié la liste des vols annulés ce lundi.

Les pilotes de Lufthansa s'opposent à de nouvelles conditions de fin de carrière. Ils entendent garder la possibilité de prendre une préretraite à 55 ans avec 60 % de leur salaire avant d'atteindre l'âge officiel de la retraite à 65 ans.

Les négociations avec la direction sont au point mort.

Lufthansa parvient souvent à limiter la gêne occasionnée par les grèves en faisant voler d'autres pilotes, dont certains par exemple qui occupent maintenant d'autres fonctions au sein de la société, et en prévenant à l'avance les passagers.

Ces mouvements sociaux lui coûtent malgré tout très cher: fin octobre, la compagnie avait alors chiffré à environ 170 millions d'euros le manque à gagner engendré par ces grèves à répétition.

Heurté de plein fouet par la montée en puissance des compagnies à bas coûts comme EasyJet ou Ryanair, de celles du Golfe ainsi que par un durcissement de la réglementation, Lufthansa s'est en outre lancé depuis 2012 dans un vaste programme d'économies, baptisé Score, pour améliorer sa rentabilité.