Certains analystes seraient ravis de voir le Canadien Pacifique (T.CP) unir sa destinée avec son concurrent américain CSX, mais ils préviennent qu'un certain nombre d'obstacles devront d'abord être surmontés avant qu'une telle transaction ne puisse avoir lieu.

Selon un article paru ce week-end dans le Wall Street Journal, le transporteur ferroviaire de Calgary aurait fait connaître ses intentions à CSX la semaine dernière, mais ce dernier aurait repoussé ses avances. Le quotidien disait tenir ses informations de sources qui ont demandé à conserver l'anonymat.

D'après le Wall Street Journal, le mariage des deux entreprises créerait une entité de 62 milliards $ US qui serait capable de transporter du pétrole brut des champs pétrolifères du Dakota du Nord aux raffineries du littoral Est des États-Unis.

Des porte-parole des deux entreprises ont indiqué qu'elles ne commentaient pas les rumeurs.

Même si des analystes voient plusieurs avantages à regrouper les chemins de fer des deux entreprises, la plupart ne s'attendent pas à voir une telle transaction se réaliser de sitôt.

L'analyste Benoit Poirier, de Desjardins, considère que l'union serait «positive», mais sa firme reste inquiète quant à la probabilité de sa conclusion «compte tenu de l'hésitation de la direction de CSX et du besoin d'obtenir les approbations réglementaires nécessaires à court terme».

Si les autorités devaient approuver une fusion CP-CSX, cela encouragerait d'autres chemins de fer à faire de même pour rester concurrentiel, a-t-il ajouté.

Selon M. Poirier, le chef de la direction du CP, Hunter Harrison, pourrait aider à l'amélioration de l'efficacité chez CSX, qui affichait un retard par rapport à ses concurrents à ce chapitre l'an dernier.

M. Harrison a pris les rênes du CP à la mi-2012, au terme d'une campagne menée par la firme Pershing Square Capital Management, de l'investisseur Bill Ackman, en faveur d'une réorganisation de la direction du Canadien Pacifique.

Sous la gouverne de M. Harrison, le CP a fait reculer son ratio d'exploitation - soit la proportion des revenus consacrée à l'exploitation du chemin de fer - à 65 % deux ans avant la cible de 2016 qu'il s'était fixée. Le ratio d'exploitation de CSX était de 69,3 % au cours du deuxième trimestre.

«Nous notons qu'une fusion entre le CP et CSX serait bénéfique pour le secteur du transport ferroviaire de brut puisqu'elle créerait un seul réseau qui relierait la région de Bakken et les raffineries de la côte Est américaine, et nous croyons qu'elle créerait un joueur plus solide en ce qui a trait aux activités intermodales, étant donné que ce réseau offrirait une route unique de la Colombie-Britannique à la Floride», a écrit M. Poirier.

L'analyste David Tyerman, de Canaccord Genuity, est d'avis que la fusion semble «assez spéculative» pour l'instant, mais qu'elle aurait une «valeur significative» si elle devait avoir lieu.

M. Tyerman est aussi d'accord pour dire que le réseau de CSX bénéficierait de l'équipe de direction du CP.

L'action du Canadien Pacifique a avancé mardi de 83 cents à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 213,03 $. Les marchés boursiers canadiens étaient fermés lundi à l'occasion du congé de l'Action de grâces.

À New York, l'action de CSX a grimpé de près de 6 % lundi, et s'est emparée mardi d'un nouveau 91 cents US, soit 2,9 %, pour clôturer à 32,61 $ US.