Le premier ministre Philippe Couillard a défendu mardi la décision de son gouvernement d'injecter jusqu'à 20 millions $ dans une étude de faisabilité sur un nouveau lien ferroviaire visant à faciliter l'accès à la fosse du Labrador.

Certains analystes craignent que le recul du prix du minerai de fer, qui a atteint son creux des cinq dernières années, ne retarde le développement de la fosse du Labrador, où se trouvent les plus importantes réserves entre le Québec et Labrador.

«Ça serait une grave erreur de ne rien faire en attendant que le prix des métaux remonte, a affirmé M. Couillard, mardi, en marge du forum Objectif Nord, à Montréal. Il serait trop tard. Nous serions dépassés par des concurrents.»

L'affaiblissement de la demande, provoqué par le ralentissement de la croissance économique en Chine ainsi qu'une hausse des réserves en Australie, a notamment fait chuter le prix de la tonne à 78 $ US cette semaine, soit son plus faible niveau depuis septembre 2009.

L'analyste Jackie Przybylowski, de Valeurs mobilières Desjardins, croit que la tonne de minerait pourrait se transiger aux alentours de 100 $ US d'ici le milieu de l'hiver, mais elle demeure prudente.

«Nous nous attendons à une remontée des prix au cours de l'hiver (mais) ça ne sera pas à des sommets», indique-t-elle.

Selon la mesure proposée dans le dernier budget du ministre des Finances Carlos Leitao, l'étude de faisabilité se penche sur la construction d'un nouveau lien ferroviaire entre le port de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, et la fosse du Labrador.

Conscient du contexte minier actuel, M. Couillard refuse néanmoins de demeurer les bras croisés, puisque selon lui, des entreprises ont déjà démontré de l'intérêt à l'endroit du projet.

«Les entreprises qui nous parlent ont toutes cela dans leurs cartons, la fluctuation (des prix), et disent être intéressées même dans l'ambiance actuelle, a-t-il dit. On a besoin d'un signal clair du Québec en ce qui a trait au lien ferroviaire.»

Pourtant, en février 2013, le CN (TSX:CNR) citait les conditions du marché pour suspendre une étude de faisabilité que la société menait en partenariat avec la Caisse de dépôt et placement du Québec ainsi que six autres compagnie minières.

L'entreprise ferroviaire faisait alors valoir qu'il serait difficile d'obtenir les volumes de minerai nécessaire pour justifier la construction d'une nouvelle infrastructure.

En début de journée, mardi, à l'occasion d'une allocution, le ministre de l'Énergie et responsable du Plan Nord, Pierre Arcand, a confirmé que l'étude de faisabilité «avançait rapidement», laissant entendre qu'elle pourrait être complétée dans environ un an.

«Des travaux géotechniques et d'arpentage sont déjà en cours au moment où on se parle et notre gouvernement a déjà des ententes avec différents partenaires privés pour bonifier l'étude», a-t-il dit.

M. Arcand a rappelé qu'il existait actuellement deux liens ferroviaires dans la région de la fosse du Labrador, mais qu'ils appartenaient à des sociétés privées, ce qui force certaines entreprises minières à débourser d'importantes sommes en frais de transport.

Le lien ferroviaire à l'étude vise justement à réduire les dépenses de transport des sociétés intéressées à s'établir dans le secteur de la fosse du Labrador.

«Le 20 juillet nous avons envoyé des lettre à différentes minières, a souligné M. Arcand. Il y a de l'intérêt. À partir du moment où nous avons une ou deux (minières), il y a un effet d'entraînement.»

D'après ce qu'a laissé entendre M. Arcand, la gestion du nouveau lien ferroviaire - s'il devait voir le jour - se ferait par le biais d'une société en commandite, pour assurer «qu'il n'y ait pas une minière qui prenne le contrôle du lien par rapport à une autre».

Plusieurs entreprises ont des activités dans la fosse du Labrador, dont Rio Tinto, Arcelor Mittal, New Millenium Iron (TSX:NML), Adriana Resources et Champion Iron Mines.

En juillet dernier, Labrador Iron Mines Holdings (TSX:LIM) a décidé d'interrompre ses activités pour l'année à ses installations où travaillaient jusqu'à 370 personnes l'an dernier.

L'exploitation minière s'est amorcée en 1954 dans la fosse du Labrador, qui s'étend sur 1600 kilomètres.