Aéroports de Montréal (ADM) est piloté par un petit cercle d'administrateurs qui gèrent un quasi-monopole public sans vraiment faire l'objet de surveillance.

Ce jugement provient de l'Institut de la gouvernance des organisations publiques et privées (IGOPP), qui a publié plus tôt cette année une étude critique sur la gouvernance des aéroports au Canada.

«Comme cette étude le démontre, l'expérience de la gouvernance des aéroports depuis 1992 a abouti à la mainmise d'un petit groupe d'administrateurs qui, sans doute de toute bonne foi, gèrent ces installations publiques sans faire une réelle reddition de comptes aux usagers et aux contribuables. Des changements importants sont nécessaires pour améliorer l'imputabilité et la transparence», écrivent les auteurs Michel Nadeau et le professeur de HEC Montréal, Jacques Roy.

En 1992, Transports Canada a dévolu à des administrations aéroportuaires locales (AAL) la gestion des aéroports de Montréal, Calgary, Edmonton et Vancouver. Les AAL sont des organismes sans but lucratif.

«Les conseils d'administration des aéroports n'ont de comptes à rendre à aucune instance gouvernementale, soulignent MM. Nadeau et Roy. Les assemblées publiques annuelles demeurent des rencontres informelles sans valeur légale précise.»

Les FAA gelés à 25$ à Dorval jusqu'en 2019

Les AAL financent leurs immobilisations à même leurs revenus autonomes et en ayant recours à des emprunts. Depuis 2001, plus de 14 milliards ont été investis dans les grands aéroports du pays.

Le gouvernement fédéral a octroyé aux AAL un pouvoir de taxation sous forme de droits d'atterrissage et de frais d'améliorations aéroportuaires (FAA), inclus dans le prix des billets des passagers. D'abord de 10$, ils atteignent maintenant 25$ à Dorval.

«Ce n'est pas prévu de hausser les FAA dans le plan d'affaires qui va pour un autre cinq ans», soutient James Cherry président-directeur général d'ADM. La croissance des revenus autonomes passe désormais par les baux commerciaux avec les boutiques et les restaurants de l'aéroport.

Pour ce qui est des emprunts, ADM traîne une dette de 1,6 milliard de dollars. Le service de sa dette lui coûte pas loin de 100 millions par année, soit 20% de ses revenus totaux d'environ 500 millions. Les notations de crédit ont confirmé les cotes financières de l'organisme, l'équivalent de A+. Le gros des investissements étant réalisé, le niveau d'endettement baissera au cours des prochaines années, affirme M. Cherry.

Le président de Shokbéton au conseil d'ADM depuis 2009

Dans son rapport, IGOPP recommande la formation d'un comité de révision stratégique qui serait chargé de revoir les décisions d'investissements et les hausses de tarification. Il propose en outre des modifications favorisant la crédibilité, la représentativité et l'indépendance du conseil.

Dans sa réplique, ADM fait valoir que le bail de 250 pages la liant à Transports Canada établit les obligations d'ADM, y compris celles en matière de gouvernance et de reddition de comptes.

«La gouvernance d'ADM au sens de son conseil d'administration et des gens qui y siègent est, pour nous, un gage de solidité», dit Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui y désigne trois membres.

Si le conseil d'ADM compte sur des gens de calibre comme Normand Legault et Réal Raymond, on y trouvait jusqu'à tout récemment Robert Bibeau, président de Shokbéton, une société qui a fait parler d'elle à la commission Charbonneau. M. Bibeau, qui représentait la Ville de Laval, a démissionné du conseil le 23 janvier dernier.

---------------

MONTRÉAL-TRUDEAU EN QUATRE CHIFFRES

70 %

70 % des passagers au départ de Montréal-Trudeau utilisent une option libre-service

220 000

Le nombre de mouvements d'aéronefs est demeuré autour de 220 000 depuis 1999, alors que le nombre de passagers a augmenté de 8,3 millions à 14,0 millions.

4e

Montréal-Trudeau est le quatrième aéroport au pays en ce qui concerne le nombre de passagers, mais deuxième en ce qui concerne le nombre de passagers internationaux.

0

Il y a plus de 180 liens ferroviaires aéroportuaires dans le monde. Il y en a plus de 300 en planification ou en construction. Montréal-Trudeau attend toujours le sien.