Selon Aéroports de Montréal (ADM), avec des travaux périodiques de modernisation et d'agrandissement, Montréal-Trudeau peut faire face à la croissance du trafic passager jusqu'en 2072.

Le problème, c'est l'accès à l'aéroport.

«Pour moi, quand on discute de contraintes, on ne parle pas de l'aéroport lui-même, déclare le président-directeur général d'ADM, James Cherry, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. C'est la capacité d'amener les gens et de les sortir de là. C'est là la contrainte à notre croissance d'ici 2072.»

Lorsque ADM a pris la décision de regrouper tous les vols de passagers à Montréal-Trudeau, en 2002, elle prévoyait que cet aéroport suffirait aux besoins pour au moins 30 ans, soit jusqu'en 2032. Maintenant, ADM parle de 2072, une date que conteste Jacques Roy, directeur du département de gestion des opérations et de logistique à HEC Montréal.

«D'après moi, la capacité ultime, c'est autour de 30 millions de passagers, affirme-t-il. Ça veut dire entre 2030 et 2040, mais pas 2072. C'est tiré par les cheveux.»

M. Cherry explique que les développements technologiques ont changé la donne.

«Nous sommes aidés par la technologie, soutient-il. Les gens utilisent maintenant leur téléphone portable, ils font imprimer la carte d'embarquement chez eux. Nous avons besoin de moins d'espace.»

Le même phénomène se produit aux douanes, avec l'utilisation de bornes à l'arrivée.

Selon M. Cherry, le secteur des douanes n'a pas besoin d'investissements, tout comme le secteur transfrontalier (soit les vols vers les États-Unis), qui a suffisamment de portes d'embarquement.

Six nouvelles portes

Toutefois, dans le secteur international, ADM a entrepris d'ajouter six portes d'embarquement pour répondre aux besoins jusqu'en 2025-2030. Il s'agit d'un investissement de 300 millions. Les portes additionnelles seront disponibles en 2016.

Pour se rendre jusqu'en 2072, il faudra évidemment des travaux supplémentaires de modernisation et d'agrandissement, mais l'espace disponible est adéquat, soutient M. Cherry.

Les pistes, elles, sont totalement adéquates jusqu'en 2072. À l'heure actuelle, elles ne sont utilisées qu'à 50% de leur capacité.

En 2002, 8,7 millions de passagers sont passés par les aéroports de Montréal. En 2014, ils sont 14 millions. ADM prévoit un peu plus de 22 millions en 2033.

Or, le nombre de mouvements d'aéronefs, soit le nombre de décollages et d'atterrissages, n'a presque pas augmenté avec les années.

«Les avions sont plus gros, et les taux de remplissage sont plus élevés, explique M. Cherry. C'est une tendance mondiale. Il n'y a pas de croissance des mouvements et nous ne touchons même pas à 50% de notre capacité.»

Aux yeux de M. Cherry, ce qui est un irritant aujourd'hui, la difficulté d'accès à l'aéroport, pourrait devenir son talon d'Achille si ce problème n'est pas réglé.

Le fameux échangeur Dorval n'est toujours pas complété. La bretelle avec l'aéroport devait être terminée en 2011. Le nouveau gouvernement parle maintenant de 2017.

ADM a terminé les travaux sur son propre réseau routier.

Le fameux lien ferroviaire entre l'aéroport et le centre-ville se fait également attendre. En mai 2012, ADM a proposé un train électrique léger qui emprunterait une voie surélevée et éviterait ainsi les voies du CN ou du CP. Deux services emprunteraient la même voie: un train express desservirait uniquement l'aéroport et un autre, tout l'ouest de l'île.

Il faudrait de cinq à six ans pour réaliser un tel projet. Donc, même si la décision d'aller de l'avant devait être prise rapidement, il faudrait attendre à 2020 ou 2021 avant de mettre le pied dans une telle navette ferroviaire.