En grande difficulté dans un ciel de plus en plus concurrentiel, Qantas a fait état jeudi d'une perte colossale pour l'exercice 2013/14, mais son PDG assure que l'orage est passé et que la restructuration engagée au début de l'année commence à porter ses fruits.

La compagnie australienne a enregistré une perte nette record de 2,84 milliards de dollars australiens (2,89 milliards $CAN) entre juillet 2013 et juin 2014, près de trois fois plus que redoutée par les investisseurs.

Qantas souffre de la dépréciation du dollar australien face au dollar américain qui alourdit sa facture de carburant (253 millions dollars AUD de plus sur un an) et d'une conjoncture adverse en Australie caractérisée par une faible confiance des consommateurs et le déclin graduel de l'industrie minière.

La concurrence des compagnies étrangères, qui ont augmenté leur capacité sur le marché australien de près de 10% au cours de la période sous revue, continue aussi de peser sur sa rentabilité et le taux d'occupation des avions.

Au total son chiffre d'affaires s'est replié de 3,5%, à 15,35 milliards AUD.

Mais la compagnie a surtout enregistré une écrasante perte de 2,6 milliards de dollars liée à la dépréciation de la valeur de sa flotte internationale vieillissante, acquise à un taux de change AUD/USD alors nettement plus avantageux.

Les analystes tablaient sur une perte nette de 1 milliard AUD dans le pire des cas, après un résultat à l'équilibre à l'issue de l'exercice 2012/13.

Les opérations internationales restent déficitaires avec une perte de 497 millions de dollars AUD contre 246 millions en 2012/13. Les opérations australiennes ont affiché un petit bénéfice de 30 millions de dollars, mais en recul, tandis que sa filiale low cost Jetstar a essuyé une perte de 116 millions.

«Qantas a peut-être touché le fond»

Le PDG Alan Joyce a toutefois assuré que la compagnie entrevoyait «une rapide amélioration de ses performances financières» et un retour à un bénéfice avant impôts et éléments financiers dans le courant du premier semestre 2014/15, «sous réserve de l'impact de facteurs externes». La perte avant impôt s'est élevée à 646 millions de dollars AUD lors de la période sous revue.

Qantas, ancienne compagnie nationale privatisée au début des années 90 et entrée en Bourse en 1995, réclame de l'aide pour faire face à la concurrence féroce qu'elle rencontre en Australie, autrefois son pré carré.

Elle estime que les compagnies rivales, et notamment Virgin Australia, bénéficient du soutien de leurs actionnaires, des compagnies nationales financées par leur gouvernement.

Le gouvernement australien a récemment modifié une loi plafonnant les participations étrangères dans son capital à 35% pour les compagnies non australiennes et 25% pour les investisseurs individuels étrangers. Ces plafonds ont été relevés à 49%.

En conséquence, Qantas a décidé de cloisonner ses activités internationales et intérieures, et de créer une nouvelle holding pour les premières afin de faciliter les investissements.

Le transporteur a présenté au début de l'année un plan de restructuration visant à réaliser 2 milliards d'économies avant la fin de l'exercice 2016/17. Ce plan, qui passe par la suppression de 5000 emplois, a représenté 440 millions de dollars AUD de réduction des dépenses en 2013/14.

«Il ne fait pas l'ombre d'un doute que les résultats sont décevants, mais ils représentent l'année passée. Le pire est derrière nous», a assuré Alan Joyce.

Le marché semblait lui donner raison, le titre Qantas s'envolant de près de 7% vers 13h00 (23h00, heure de Montréal) à la Bourse de Sydney, à 1,38 dollar.

«Les résultats sont horribles», mais Qantas a «peut-être touché le fond», avançait l'analyste Evan Lucas chez IG Markets.