En pleine restructuration, Bombardier (T.BBD.B) serait sur les rangs pour acquérir le constructeur de matériel roulant Ansaldo, filiale du géant industriel italien Finmeccanica.

Au siège nord-américain de Bombardier Transport, à Saint-Bruno, le porte-parole Marc Laforge s'est montré peu loquace hier, mais il n'a pas exclu une transaction.

«C'est vrai que Bombardier Transport est intéressé à faire croître ses activités de signalisation, mais on ne commente pas ce que les concurrents peuvent faire ou les possibilités d'acquisition sur le marché», a déclaré M. Laforge au cours d'un entretien téléphonique.

Les activités ferroviaires de Finmeccanica sont regroupées au sein de deux entreprises qui emploient ensemble quelque 6400 personnes: AnsaldoBreda et Ansaldo STS. AnsaldoBreda construit des trains alors qu'Ansaldo STS, qui est coté à la Bourse de Milan, est spécialisé dans l'équipement de signalisation ferroviaire.

En 2013, Ansaldo STS a enregistré un bénéfice d'exploitation de 118 millions d'euros (172 millions CAN) sur des revenus de 1,3 milliard d'euros (1,8 milliard CAN). À titre de comparaison, la division systèmes et signalisation de Bombardier a enregistré des revenus de 1,8 milliard CAN en 2013.

Lors d'une téléconférence tenue au début du mois pour commenter les résultats du deuxième trimestre, le nouveau PDG de Finmeccanica, Mauro Moretti, a indiqué qu'il entendait prendre une décision en octobre sur une éventuelle cession. Il a ajouté que Finmeccanica avait l'intention de vendre Ansaldo STS et AnsaldoBreda ensemble.

Or, AnsaldoBreda est le canard boiteux de Finmeccanica. Il a beau être l'un des principaux constructeurs ferroviaires européens, il connaît des moments difficiles. L'an dernier, il a subi une perte d'exploitation de 227 millions d'euros (330 millions CAN) sur des revenus de 521 millions d'euros (758 millions CAN).

Dans son plus récent rapport annuel, Finmeccanica expliquait les mauvais résultats d'AnsaldoBreda par des dépassements de coûts sur des contrats, des ralentissements de la production et d'«importantes inefficacités manufacturières».

AnsaldoBreda possède des filiales aux États-Unis, en Espagne, en Norvège, en Suède, au Danemark, en Grèce, en Turquie, au Maroc et à Taiwan, alors qu'Ansaldo STS a des installations en France et aux États-Unis.

Entreprise convoitée

D'après Reuters, la multinationale Hitachi serait la principale rivale de Bombardier pour la reprise d'Ansaldo. En avril, le groupe japonais a déménagé le siège social de ses activités ferroviaires de Tokyo à Londres dans l'espoir d'accroître ses revenus en Europe.

D'autres acteurs envisageraient aussi de présenter une offre pour Ansaldo, dont les entreprises chinoises CNR et Insigma, la française Thales et l'espagnole CAF. Notons que Bombardier développe le train rapide italien Frecciarossa avec AnsaldoBreda, alors que CNR construit sous licence en Chine des tramways conçus par l'entreprise italienne.

Il reste à voir comment Bombardier financerait l'acquisition. Au cours des 6 derniers mois, la dette à long terme de l'entreprise est passée de 7,0 à 7,7 milliards, entre autres pour financer le développement de sa nouvelle gamme d'avions CSeries. La multinationale québécoise tente par ailleurs de réduire ses coûts: depuis le début de l'année, elle a annoncé 3500 suppressions de postes, dont 1000 dans sa division Transport.

Rappelons qu'au printemps, le conglomérat allemand Siemens a tenté de fusionner sa division ferroviaire avec celle du français Alstom, mais sans succès. Alstom a plutôt choisi de vendre ses activités énergétiques à l'américain General Electric et de conserver sa division de matériel roulant.

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LES GRANDS CONSTRUCTEURS DE MATÉRIEL FERROVIAIRE

Revenus en 2013 (en milliards de dollars canadiens)

CNR (Chine) 17,1

CSR (Chine) 17,1

Bombardier (Canada) 9,6

Siemens (Allemagne) 8,6

Ansaldo (Italie) 2,9

Stadler Rail (Suisse) 2,8

CAF (Espagne) 2,2

Hitachi (Japon) 1,8

Autres constructeurs importants: Transmashholding (Russie), Hyundai-Rotem (Corée du Sud)