Les compagnies aériennes américaines ont fortement accru leurs bénéfices au deuxième trimestre et en font profiter leurs actionnaires, un signe de la santé retrouvée du secteur qui récolte les fruits d'efforts pour optimiser ses coûts et ses capacités.

Selon des résultats publiés jeudi, le bénéfice net a bondi chez United Continental de 68% sur un an, à 789 millions de dollars, et chez American Airlines de 70% comparé au résultat cumulé réalisé l'an dernier avec US Airways qu'il vient d'épouser, à 864 millions.

Les deux groupes ont parallèlement annoncé des rachats d'actions à hauteur d'un milliard de dollars chacun. American, sortie de faillite il y a seulement six mois, a en outre promis son premier dividende trimestriel depuis 1980: elle versera courant août 10 cents par titre.

Delta Air Lines avait déjà indiqué mercredi avoir reversé 550 millions de dollars à ses actionnaires depuis le début de l'année, parallèlement à un bénéfice trimestriel en hausse de 17% à 801 millions de dollars.

La plus petite Southwest Airlines, qui assure surtout des vols domestiques et a doublé son bénéfice trimestriel à 465 millions de dollars, a évoqué pour sa part 652 millions de dollars de dividendes et de rachats d'actions en six mois.

«C'est un tournant dans le secteur aérien d'avoir les quatre plus grosses compagnies qui reversent des liquidités à leurs actionnaires», a commenté le directeur financier de United Continental, John Rainey, lors d'une téléconférence explicative avec des analystes et des journalistes.

«Je pense que cela en dit beaucoup sur la façon dont le secteur a changé, sur combien les risques de l'activité ont été réduits, et sur la durabilité des bénéfices à venir», a-t-il ajouté.

Vague de fusions 

Dans une étude récente, le cabinet Trefis rappelait que les compagnies américaines cumulaient encore 5,6 milliards de dollars de pertes d'exploitation en 2008, voyant dans le redressement intervenu depuis l'effet, entre autres, d'une consolidation accrue.

Le marché a en effet connu quatre fusions majeures en quelques années: Delta-Northwest en 2008, United-Continental en 2010, Southwest-AirTran en 2011 et American-US Airways fin 2013.

Pour Trefis, cela a encouragé les compagnies restantes à être plus rigoureuses dans la gestion de leurs capacités, ce qui leur a permis «de faire voler des avions plus pleins tout en augmentant leurs tarifs plus librement», aidant «à améliorer la santé financière du secteur».

Au deuxième trimestre, United Continental a par exemple transporté un peu moins de personnes qu'un an plus tôt (-0,3% à 35,8 millions) mais ses avions étaient plus remplis.

Les revenus autres que ceux tirés de la vente des billets (frais d'enregistrement pour les bagages, nourriture et services vendus à bord) ont également augmenté, de 7,9%, à plus de 21 dollars par passager.

Les compagnies modernisent aussi leur flotte. American comme United ont ainsi entrepris de remplacer de petits appareils utilisés pour des vols intérieurs ou régionaux par des modèles permettant d'embarquer plus de passagers ou moins gourmands en kérosène.

De manière générale, l'heure est à la réduction des coûts: United a ainsi un programme en cours censé lui faire économiser à terme 2 milliards de dollars par an, et a dit jeudi qu'elle prendrait «toutes les mesures nécessaires» pour améliorer ses marges et sa valeur pour ses actionnaires.

La compagnie cherche encore à accélérer la croissance de ses revenus, à la traîne comparé à ses concurrentes: son chiffre d'affaires a progressé de seulement 3,3% à 10,3 milliards au deuxième trimestre, quand la hausse atteignait 10,2% à 11,4 milliards de dollars chez American et 9% à 10,6 milliards chez Delta.

Les efforts consentis payent: les analystes de Barclays estiment que sur les vols intérieurs, qui constituent la plus grosse part de l'activité des compagnies américaines, les marges du secteur devraient cette année «dépasser leur pic des années 1990 en dépit de prix pétroliers quatre fois plus élevés».

Cela compense selon eux quelques perturbations qui subsistent à l'international. Delta comme American ont par exemple accusé ce trimestre un recul de leurs revenus passagers sur les liaisons Pacifique.