Les sanctions économiques imposées à la Russie dans la foulée de la tragédie de la Malaysia Airlines et de la crise ukrainienne pourraient bien bousculer l'échéancier d'un important projet de Bombardier (T.BBD.B), qui souhaite implanter une usine d'assemblage dans ce pays.

L'entreprise québécoise souhaite toujours en arriver à une entente cette année avec la société d'État russe Rostekhnologii (Rostec), mais elle est consciente qu'elle pourrait devoir changer ses plans.

«Nous continuons de suivre la situation actuelle et nous sommes conscients que notre échéancier pourrait être modifié, a affirmé une porte-parole de Bombardier, Marianella Delabarrera, au cours d'un entretien. Nous demeurons confiants pour 2014 tout en étant réalistes.»

Les ententes préliminaires signées avec Rostec l'année dernière devraient notamment se traduire par la mise en place d'une usine d'assemblage de 100 appareils Q400, dont la valeur est estimée à 3,4 milliards $, selon le prix au détail.

Ces installations seraient complémentaires à celles de Toronto, où se fait l'assemblage final du Q400, qui peut transporter de 70 à 80 personnes.

«Les discussions se poursuivent (avec Rostec), plus fréquemment que ce qui est rapporté dans les médias, malgré la possibilité de délais», a affirmé Mme Delabarrera.

Le 15 juillet dernier, Rostec avait indiqué sur son site Web que les négociations étaient sur le point d'aboutir.

À l'instar de plusieurs pays, le Canada a décidé d'imposer, plus tôt cette semaine, de nouvelles sanctions contre des individus et des entités qu'il considère liés à la crise ukrainienne. Au total, ces sanctions visent 110 individus et entités jusqu'à maintenant.

Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, avait notamment affirmé qu'il était probable que des provocateurs soutenus par la Russie soient à blâmer pour la tragédie du vol MH17.

«L'entité avec laquelle nous discutons n'est pas visée par des sanctions», a assuré la porte-parole de Bombardier.

L'avionneur montréalais, qui dit demeurer à l'affût de l'actualité dans ce dossier, reconnaît que les sanctions mises de l'avant par le gouvernement Harper pourraient influencer négativement les négociations avec Rostec.

«Nous demeurons en contact avec certains représentants du gouvernement canadien, a indiqué Mme Delabarrera. Bombardier a néanmoins l'intention de se plier aux décisions que le gouvernement fédéral a l'intention d'appliquer.»

Certains analystes du secteur de l'aéronautique contactés par La Presse Canadienne ont préféré ne pas commenter la situation, notamment parce que le dossier de la tragédie de la Malaysia Airlines évolue rapidement.

En janvier dernier, des médias russes avaient rapporté qu'une entente de principe avait été signée entre Bombardier et Rostec et que la production des appareils devrait débuter cette année, ce que l'entreprise québécoise avait rapidement démenti.

Les négociations se poursuivent depuis, mais ont également été ralenties par les événements entourant la crise en Ukraine et l'intervention russe en Crimée qui ont précédé la tragédie du vol MH17.

Questionné quant à savoir si Bombardier pourrait regarder ailleurs qu'en Russie pour son usine d'assemblage des Q400, Mme Delabarrera a expliqué qu'il était encore trop tôt pour répondre à cette question.

«Nous nous concentrons sur les discussions actuelles, a-t-elle dit. La Russie est un marché prometteur, particulièrement pour le Q400. La Russie, tout comme l'Asie, fait partie des marchés prometteurs pour notre croissance.»

Plusieurs analystes du secteur de l'aéronautique estiment qu'une percée de Bombardier en Russie pourrait lui permettre de regarnir son carnet de commandes du Q400, qui est un peu moins rempli, en plus de concurrencer son principal rival, ATR, dans ce secteur.

L'an dernier, Bombardier avait livré 29 Q400 en plus de recevoir des commandes pour 17 avions, comparativement à 36 livraisons et 50 commandes l'année précédente.

En mi-journée, à la Bourse de Toronto, le titre de l'entreprise montréalaise - qui dévoilera ses résultats du deuxième trimestre la semaine prochaine - reculait de deux cents, ou 0,53 %, pour se transiger à 3,74 $.