Embraer, le grand concurrent de Bombardier dans le domaine de l'aviation commerciale, pourrait bien fournir au Canada son prochain avion de recherche et sauvetage.

C'est du moins le souhait de Paulo Gastao Silva, vice-président du programme du KC-390 chez Embraer.

«Il reste à voir les détails de l'appel d'offres, mais en ce qui concerne les aspects techniques, nous sommes très confiants», a déclaré M. Silva dans une entrevue accordée à La Presse Affaires sur la terrasse du chalet d'Embraer au Salon aéronautique de Farnborough.

Selon lui, le KC-390 est également très compétitif en ce qui a trait à ses coûts pour l'ensemble de sa vie utile.

Le projet de remplacement des avions actuels de recherche et sauvetage du gouvernement du Canada, des appareils Buffalo et Hercules C-130H vieillissants, constitue une véritable saga. Ottawa avait lancé le projet au début des années 2000, avant de le mettre de côté à la suite d'une controverse au sein du gouvernement au sujet des caractéristiques souhaitées pour les nouveaux appareils.

Le gouvernement a récemment relancé le processus, et cinq entreprises ou consortiums ont fait part de leur intérêt: Airbus Defense and Space avec le C-295; Alenia Aermacchi avec le C-27J Spartan; Bell Boeing Joint Project Office avec le V-22 Osprey (un avion à rotors basculants); Lockheed Martin avec le C-130J Hercules; et Embraer avec le KC-390.

L'avion d'Embraer est le seul parmi les cinq appareils à n'avoir jamais volé. Son premier vol est toutefois prévu avant la fin de l'année 2014.

Le KC-390 est semblable au C-130J. Comme lui, il s'agit d'abord d'un avion de transport tactique et logistique.

Parallèles avec le Brésil

M. Silva a toutefois fait valoir que dès le début, Embraer avait conçu le KC-390 de façon à ce qu'il puisse également effectuer des opérations de recherche et sauvetage. Il s'agissait là d'une exigence du client de lancement, les forces aériennes brésiliennes.

«Il est intéressant de voir que le Canada et le Brésil partagent plusieurs exigences», a soutenu le responsable du programme.

Il a fait remarquer que le Canada et le Brésil sont tous deux de très grands pays. Le KC-390 est donc très rapide, de façon à se rendre rapidement sur le lieu de la mission, et il a une très grande autonomie de vol. Il peut donc passer beaucoup de temps sur place.

«Comme il peut se rendre plus loin, on n'a pas besoin de multiplier les bases au sein du territoire, a-t-il déclaré. Et en raison de son autonomie, on n'a pas besoin de prévoir des stations de ravitaillement.»

M. Silva a ajouté que le Brésil avait demandé à ce que l'appareil puisse desservir les bases scientifiques brésiliennes en Antarctique.

«Dès le début, on sait que l'appareil peut opérer dans des conditions extrêmes.»

Le responsable du programme KC-390 a affirmé qu'Embraer respectera les exigences du Canada en ce qui concerne les retombées industrielles. «Nous aurons besoin d'un intégrateur canadien pour les activités de soutien en service», a-t-il indiqué.

En ce qui concerne des retombées manufacturières, la situation est plus délicate. Le KC-390 a déjà tous ses fournisseurs bien en place.

L'entreprise de Longueuil Héroux-Devtek avait bien tenté d'obtenir le contrat de fourniture des trains d'atterrissage de l'appareil, sans succès. Embraer a plutôt choisi une compagnie qui lui était apparentée.

«Nous avions un processus de sélection très robuste, a soutenu M. Silva. Nous avons fait le meilleur choix.»

Il a toutefois rappelé que Héroux-Devtek fournissait les trains d'atterrissage de certains avions d'affaires d'Embraer.

«Nous avons une très bonne relation avec eux», a-t-il indiqué.