Une entreprise américaine s'établit au Québec pour concevoir et construire un dirigeable capable de transporter 70 tonnes métriques de fret.

L'appareil pourrait notamment transporter du minerai puisé dans le Grand Nord, dans des régions dépourvues de routes et d'autres infrastructures de transport.

Les autochtones du Canada se montrent particulièrement intéressés par le concept.

«Ils veulent développer leur territoire, mais ils ne veulent pas détruire leur environnement avec la construction de routes et d'autres infrastructures», a déclaré le président et chef de la direction de LTA Aérostructures, Michael Dyment, dans une entrevue avec La Presse Affaires, il y a quelques jours.

LTA annonce aujourd'hui son installation à Montréal dans le cadre d'une conférence de presse au salon aéronautique de Farnborough en compagnie du ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations du Québec, Jacques Daoust.

«Ça peut avoir l'air farfelu, mais ce ne serait pas la première idée qui a l'air farfelue à l'origine et qui réussit», a déclaré M. Daoust à La Presse Affaires.

LTA, financée essentiellement par une famille française philanthropique, les Goelet, et par NEXA Capital, la firme d'investissement de M. Dyment, actuellement basée à Washington, DC. Cela fait déjà huit ans que l'entreprise investit dans la recherche et le développement pour réaliser son projet de dirigeable cargo. Un prototype de petite taille, l'Alizé, a effectué son premier vol en 2009.

Mais voilà, les restrictions budgétaires au sein du gouvernement américain pourraient ralentir le développement de l'appareil.

«Nous craignons que ces compressions empêchent la Federal Aviation Administration (FAA) de nous soutenir dans le processus de certification, a indiqué M. Dyment. Nous croyons qu'il serait préférable de travailler avec Transports Canada.»

En outre, avec son vaste territoire et ses ressources naturelles abondantes, le Canada est un excellent marché pour le futur dirigeable.

Les peuples autochtones canadiens sont déjà intéressés au concept du dirigeable: l'automne dernier, ils ont organisé à Winnipeg une conférence sur ce type d'appareils.

Une fois la décision de s'installer au Canada prise, le choix de Montréal s'est fait naturellement.

«Il y a ici une grappe industrielle intéressante, c'est l'endroit idéal pour conclure des partenariats, notamment avec des universités», a noté M. Dyment.

Des motoristes sont également sur place, comme Pratt&Whitney Canada et GE, qui pourraient équiper le dirigeable.

M. Dyment a également mentionné le travail de Montréal International, qui a fait valoir les divers attraits de la ville et fait connaître les programmes gouvernementaux qui pourraient s'appliquer.

LTA sera notamment admissible aux crédits d'impôt liés à la recherche et au développement.

L'entreprise entend investir 90 millions au cours des trois prochaines années dans la région de Montréal, ce qui devrait entraîner la création de 180 emplois.

LTA n'a pas encore sélectionné l'endroit où elle construira ses dirigeables, mais elle examine divers emplacements, notamment à proximité des aéroports de la région montréalaise. Elle espère construire un premier dirigeable, de taille modeste, mais pouvant quand même transporter 10 tonnes métriques de fret, dans les 18 mois suivant son implantation.

Investissement indien

Par ailleurs, le géant indien de l'ingénierie et des technologies de l'information Tech Mahindra établira également une solide présence à Montréal avec un centre spécialisé en aéronautique.

Le projet, également annoncé en grandes pompes aujourd'hui à Farnborough, devrait permettre de créer 300 emplois au cours des trois prochaines années.

«Cela fait plusieurs années que nous travaillons avec des entreprises d'ici, a souligné le directeur de Tech Mahindra pour l'Amérique du Nord, Lakshmanan Chidambaram, en entrevue avec La Presse Affaires. Nous connaissons l'environnement, les fournisseurs. Nous allons renforcer notre présence.»

L'excellence des universités montréalaises a été un facteur important dans la décision de Tech Mahindra.