Un programme de Boeing qui vise à transformer un avion d'affaires de Bombardier en appareil de surveillance maritime pourrait se traduire par la vente de plusieurs dizaines d'appareils Challenger 605.

Bombardier construit cet avion à Montréal, a rappelé le président de Bombardier Avions spécialisés et amphibies, Michel Bourgeois, à l'issue d'une séance d'information organisée par Boeing hier matin dans le cadre du Aalon international d'aéronautique de Farnborough.

«Il y a un certain nombre d'avions que nous avons identifiés et qui devront être remplacés au cours des prochaines années, a déclaré M. Bourgeois à La Presse Affaires. Si on regarde le P-3 Orion, on parle de 400 appareils à remplacer au cours des 10 à 15 prochaines années.»

Le gouvernement canadien exploite 18 appareils Aurora CP-140, basés sur le P-3 Orion de Lockheed, comme avion de surveillance maritime. Malheureusement pour Bombardier et Boeing, Ottawa vient de terminer un programme visant à prolonger la vie de ces appareils jusqu'en 2030.

«On se reparlera en 2025, mais notre appareil serait idéal pour le gouvernement canadien parce que celui-ci a déjà une flotte de Challenger», a déclaré M. Bourgeois.

Il reste toutefois l'ensemble du marché mondial, particulièrement alléchant. Le responsable du développement des affaires du programme d'avion de surveillance maritime de Boeing, Bob Schoeffling, a parlé d'un marché de 10 milliards de dollars américains sur 10 ans.

Boeing offre déjà un avion de surveillance maritime et de lutte anti-sous-marin, le P-8 Poseidon, basé sur le Boeing 737.

Le géant veut offrir un appareil plus petit, performant, qui se spécialiserait dans la surveillance maritime (surveillance des zones côtes, des pêcheries, etc.) et qui ne serait pas armé.

Appareil bien adapté

«Nous avons examiné plusieurs avions et nous avons choisi le Challenger pour sa taille et ses capacités», a déclaré M. Schoeffling. L'appareil peut contenir un grand nombre de radars, de capteurs et d'antenne, et il est rapide.

«Si on parle de recherche et de sauvetage, la rapidité, c'est la vie, a lancé M. Schoeffling. Plus on arrive rapidement, plus on peut sauver des vies.»

M. Bourgeois a souligné que le Challenger 605 pouvait compter sur un réseau étendu d'installations de maintenance partout dans le monde. Comme il s'agit d'un avion existant, il est déjà certifié à l'échelle internationale.

C'est lors du dernier salon de Farnborough, en 2012, que Boeing avait annoncé le lancement de son projet d'avion de surveillance maritime. Depuis, le constructeur a acquis un Challenger 605 et l'a confié à son partenaire, Field Aviation, pour en faire une version spécialisée dans ce domaine.

Boeing présente cette semaine cet avion à Farnborough, un appareil gris perle (et non pas gris foncé mat, comme le sont souvent les avions militaires) doté d'un gros radôme sous le ventre et de petites antennes noires sous les ailes.

Le grand patron de Bombardier, Pierre Beaudoin, a d'ailleurs profité d'une pause dans son horaire serré pour visiter l'appareil hier après-midi. «Je voulais aller voir ça», a-t-il avoué à La Presse Affaires après sa petite visite.