Le sort de l'aérogare de Mirabel préoccupe peu les acteurs de l'industrie aéronautique québécoise.

«Ça n'a pas d'impact sur nos activités parce que nous ne l'utilisons pas», a déclaré Hélène Gagnon, vice-présidente aux affaires publiques et aux communications chez Bombardier Aéronautique, en marge de l'assemblée annuelle d'Aéro Montréal hier.

Pour sa part, le président de Bell Helicopter Textron Canada, Barry Kohler, se préoccupe plutôt de la fermeture de la tour de contrôle de l'aéroport de Mirabel. Nav Canada avait décidé de sa fermeture en novembre 2008 parce que le trafic aérien était insuffisant. La société l'avait remplacée par une station d'information de vol. C'est la tour de contrôle de Montréal-Trudeau qui contrôle les approches. «Il y a de plus en plus de vols d'essai, il y a des vols de fret aérien, a indiqué M. Kohler. C'est tout près de nos installations, c'est un peu inquiétant. C'est une question de sécurité.»

Mme Gagnon a affirmé que l'absence de contrôleurs à Mirabel même n'empêchait pas Bombardier de procéder à ses activités. Elle a toutefois ajouté qu'à terme, il serait souhaitable de rouvrir la tour.

La présidente de Morpho Canada et déléguée pour le Canada du Groupe Safran, Hélène Séguinotte, a reconnu qu'il y avait deux aspects au débat sur l'avenir de l'aérogare de Mirabel: les importantes sommes nécessaires chaque année pour simplement maintenir ce bâtiment, et la charge émotive qui y est associée. «C'est difficile pour ceux qui ont eu cette vision du futur», a déclaré Mme Séguinotte, qui a longtemps dirigé Turbomeca Canada, une entreprise située à proximité de l'aéroport. Elle s'est demandé si on avait regardé avec suffisamment de profondeur des solutions de rechange pour l'aérogare.

«Ça fait 10 ans qu'on essaie de trouver une nouvelle vocation, ça fait 10 ans qu'on n'est pas capable», rappelle toutefois Mario Lépine, président du conseil d'administration du Groupe DCM, une PME des Basses-Laurentides.

Le maire de Mirabel, Jean Bouchard, a évoqué l'idée de transformer l'édifice en centre de foires international, notamment pour y tenir un salon de l'aéronautique. «Un tel salon a lieu une fois chaque année ou une fois aux deux ans, a noté M. Lépine. Que fait-on entre deux salons?»

Dans un rapport commandé par Aéroports de Montréal, le Groupe Altus soutient que le potentiel de récupération de l'aérogare est quasi nul et qu'il est économiquement injustifié.

Le ministre de l'Infrastructure et de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Denis Lebel, présent à Montréal hier pour confirmer une subvention de 1,6 million de dollars à Aéro Montréal, n'a pas voulu s'immiscer dans le débat. Il a indiqué qu'en vertu du bail signé avec le gouvernement du Canada, Aéroports de Montréal avait le droit de décider de la démolition de l'aérogare. «Il faut voir dans les prochaines semaines comment ça va évoluer, mais ça fait des années que les gens cherchent des projets, a-t-il déclaré. Aucun ne s'est concrétisé.»

Mario Lépine a indiqué qu'il s'intéressait plutôt au sort des entreprises situées aux abords de l'aéroport, des clients actuels ou potentiels comme Bombardier et Pratt & Whitney Canada. «Je serais prêt à aller m'enchaîner à ces installations pour qu'elles ne se fassent pas démolir», a-t-il lancé.